Je publie un article pas rigolo aujourd’hui. Je devrais vous parler de feuilles chatoyantes de l’automne, de soupe à la courge, des premières clémentines ainsi que des préparatifs d’Halloween à base de costumes effrayants et de sculpture sur citrouille mais ce serait oublier que la mort reste une épreuve douloureuse qui ne se règle pas qu’avec des bonbons.
Au moment où il ne me reste « plus qu’à » payer l’impôt sur la fortune pour mettre un point final aux tâches administratives liées aux décès de papa et de maman, je me suis dit que cela pourrait être utile si je listais les démarches que j’ai dû entreprendre pour organiser les funérailles de mes parents et régler leur succession dans les cantons de Vaud et du Valais en Suisse.
Pour rentrer dans le vif du sujet et au risque de choquer certains en appelant un chat un chat, mourir en Suisse coûte cher (il faut compter entre CHF 5’500 à CHF 8’000 minimum selon qu’il s’agit d’une crémation ou d’un enterrement (sans pierre tombale) comprenant les frais d’obsèques, le cercueil, les fleurs, les cierges, la musique, la collation après la cérémonie, les avis mortuaires dans les journaux, etc.). Je me suis souvent demandé comment les gens au budget limité se débrouillaient. Il y a un vrai business autour de la mort qui commence par le démarchage dans la boîte aux lettres de vautours sans scrupules qui n’hésitent pas à envoyer à la famille endeuillée des propositions de pierres tombales ou des cartes de remerciement après décès. Heureusement que je ne suis pas une personne émotive.
L’entreprise de pompes funèbres que nous avons mandatée s’est occupée de se procurer les certificats de décès, d’annoncer les décès à l’office de l’état civil et aux autorités compétentes et d’organiser la crémation selon la volonté de mes parents. De mon côté, j’ai informé la famille et les amis, rédigé l’annonce mortuaire à paraître dans les journaux, choisi les fleurs et envoyé des cartes de remerciement après la messe d’adieu. Ma marraine aurait souhaité que je publie un message de remerciement dans la presse afin d’oublier personne mais j’ai estimé que cela suffisait ainsi.
Ensuite, il a fallu m’occuper des affaires de mes parents, à savoir :
- Envoyer l’avis de décès à tous les prestataires de services sans exceptions, résilier les contrats et les abonnements, etc.
- Demander un certificat d’héritier, délivré entre 6 et 12 semaines après le décès par le Juge de Paix au prix de CHF 1251 par certificat et par héritier à Lausanne (on peut bien entendu refuser l’héritage mais ce n’était pas mon cas).
- Contacter un notaire pour qu’il dresse l’inventaire des biens de mes parents (obligatoire, compter un millier de CHF en honoraires).
- Demander au notaire de changer tous les actes notariés établis au nom de mes parents pour les mettre à notre nom à mon Frangin et à moi (compter là aussi quelques milliers de CHF en honoraires en fonction de la quantité d’actes notariés à modifier).
- Liquider le logement de mes parents. Mon Frangin et moi avons décidé d’aller au plus rapide et au plus simple : nous avons trié soigneusement les documents officiels et emballé les rares objets à conserver pour le chalet (de la vaisselle principalement), puis nous avons donné le piano à queue ancien en bois de palissandre de papa au Conservatoire de Lausanne ainsi que les partitions pour les étudiants, l’ensemble des meubles, tableaux, vêtements, etc., à une association caritative et à une entreprise de débarras qui s’est également chargée du nettoyage. Si nous étions désargentés, nous aurions certainement pris le temps de vendre les affaires de nos parents au lieu de les céder car nous avons laissé partir des objets de valeur mais cela nous a épargné beaucoup de temps et d’énergie.
- Envoyer le certificat d’héritier aux banques et à la Poste et demander des extraits de comptes datés du jour du décès. A noter que les comptes du défunt sont bloqués jusqu’à la réception du certificat d’héritier. J’ai donc avancé tous les frais de mes parents de ma poche : hôpitaux, assurances, abonnement de téléphone, frais d’électricité, impôt, etc. J’ai appris plus tard que l’on pouvait amener directement les factures à la banque qui les règle à notre place à condition qu’il reste suffisamment de liquidités sur les comptes.
- Contacter une société fiduciaire pour établir une déclaration d’impôt, la mienne et celle de mes parents.
- Payer les frais de succession dans le canton de Vaud ce que maman trouvait injuste étant donné qu’il n’y a pas de frais de succession dans le canton du Valais pour les héritiers directs. En Suisse, les lois sont différentes d’un canton à l’autre.
- Écrire, documenter, téléphoner, payer et recommencer jusqu’à ce qu’un jour, le flot de courrier se tarisse dans la boîte à lettres indiquant que la procédure arrive à son terme.
Je comprends que certaines personnes se sentent submergées et désemparées face à la quantité de choses à faire, d’autant plus si elles sont dévastées par le chagrin, mais mes parents m’ont appris à être forte et je n’avais qu’une idée en tête : en finir avec tout ça avant mon départ pour Rio de Janeiro où je partais pour un mois.
Je dédie cet article à Musme en lui souhaitant plein de courage et à toutes celles et ceux qui sont confrontés en ce moment à la maladie et à la mort d’une personne chère à leur cœur.