Faire le ménage

J’ai délégué toutes les tâches ménagères que je n’aime pas à mes robots aspirateur (Cendrillon) et serpillière (Blanche Neige) et donne mon linge à repasser au pressing. Par conséquent, mes activités domestiques se limitent à plier la lessive et à m’occuper des surfaces planes, ce qui n’est pas compliqué quand on nettoie et range les affaires au fur et à mesure qu’on les utilise et qu’on a peu d’objets.

Blanche Neige en action. Les robots aspirateur et serpillière ne sont efficaces que si notre intérieur n’est pas envahi de meubles et de recoins. Ils savent parfaitement reconnaître s’il y a un tapis à aspirer ou un sol à laver, passent sous les meubles et le lit et les chats n’en ont pas peur.

Je pars du principe que je ne garde que ce que j’utilise, j’achète la nourriture pour une semaine pour éviter le gaspillage alimentaire et ne stocke rien du moment qu’il y a un supermarché tous les kilomètres ou presque. Je remplace les produits uniquement quand je n’en ai plus : cette semaine, par exemple, j’ai besoin d’une recharge de savon liquide, d’une crème hydratante pour le visage, d’un gel douche et des tablettes pour le lave-vaisselle.

Ma manière de faire n’est valable que si l’on habite seul ou en couple car les besoins sont différents quand on doit gérer une famille et répondre aux envies de chacun. Même Mari Kondo a jeté l’éponge depuis qu’elle est mère de famille ou disons plutôt qu’elle tolère un peu de désordre pour vendre un nouveau livre et atteindre un autre public, ce qui s’appelle du marketing :o)

Toutefois, il y a quelques principes de base auxquels je me tiens :

  • Faire une liste de courses pour la semaine, acheter uniquement des aliments frais et aussi peu transformés que possible (c’est compliqué de faire de la sauce soja ou du vinaigre balsamique chez soi), déballer et conditionner les aliments dès le retour à la maison et les ranger, plier et ranger les cabas.
  • Profiter que les préparations culinaires sont en train de cuire pour laver les ustensiles ou les mettre dans le lave-vaisselle, nettoyer la cuisinière, le four, etc., de manière à ce qu’il ne reste plus que les plats avant de passer à table. Je pense toujours à Philippe Etchebest qui reprend les apprentis cuisiniers dans « Objectif Top Chef » : le plan de travail doit toujours rester propre !
  • Avant de me coucher, ranger rapidement ce que j’ai utilisé dans la journée (laptop, tricot, tablette, télécommandes pour la TV), mettre le verre ou la tasse dans le lave-vaisselle (à propos de lave-vaisselle, j’ai remarqué qu’il fallait le vider aussitôt que le cycle de lavage est terminé sinon on laisse traîner la vaisselle dans l’évier), préparer mes affaires pour le lendemain et les laisser devant la porte d’entrée.
  • Aérer ma chambre et le lit quand je me lève et faire mon lit après la douche et le repas des chats.
  • Me demander si mon intérieur me permettrait de recevoir sans embarras n’importe quelle visite impromptue : voisins, représentants de Médecins sans Frontières, livreur, technicien de la maison comme cela m’est déjà arrivé.
  • Avoir des produits ménagers qui me font plaisir, comme les produits Jemako super efficaces, écologiques, qui sentent bon avec un joli packaging et les chiffons en microfibres « que j’aime d’amour » (si, si) et que j’achète au marché de Noël de Montreux ou à la Foire du Valais à Martigny.

En fait, faire le ménage devient une corvée si on laisse le désordre et la crasse s’accumuler et devient vite un cercle vicieux : je rentre du travail contrariée, je suis énervée, je déteste tout le monde, j’ouvre mon frigo qui est vide ou alors j’ai la flemme de me préparer à manger, j’appelle un livreur de pizza, je mange devant la TV et laisse le carton à pizza sur la table, je me couche tard dans mon lit défait, je jette mes habits en boule par terre, je dors mal, je me réveille à l’arrache, je rentre du travail, j’ouvre le courrier, je laisse les papiers en tas sur la table, je vois le carton à pizza, je n’ai pas envie de ranger, j’ai trop faim, je prends un plat surgelé dans le frigo (exemple fictif, je n’achète jamais de plats surgelés), je le réchauffe vite fait dans le four ou dans le micro-ondes, je suis fatiguée, je laisse l’emballage, les plaques du four et l’assiette sale en vrac dans l’évier parce que le lave-vaisselle est plein et ça recommence.

J’aime les surfaces nettes d’objets. Non seulement, c’est esthétique mais c’est plus facile à nettoyer !

Après un mois à ce rythme, il faut avoir un sacré courage pour se mettre à récurer, frotter et gratter toute la saleté ! Même moi, je baisserai les bras parce que je ne saurai pas par où commencer !

Faire le ménage, c’est un peu comme faire du sport. En m’y mettant petit à petit tous les jours et en y prenant du plaisir, j’obtiens des résultats facilement sur la durée. La méthode douce et régulière est ce qui fonctionne le mieux avec moi.

En plus de mes principes de base mentionnés plus haut, j’utilise l’application Sweepy qui fonctionne un peu comme dans le jeu « The Sims » avec les barres d’état en vert quand le Sim pète la forme, en jaune quand le Sim commence à fatiguer ou à avoir besoin d’aller aux toilettes ou en rouge quand c’est trop tard : le Sim s’est évanoui de fatigue au milieu de la route ou s’est fait pipi dessus, sauf que le Sim, c’est moi, et que les barres d’état correspondent à la propreté d’une pièce dans la maison. Dieu merci, je n’ai pas (encore) besoin d’une application pour me dire de manger, de dormir ou d’aller aux toilettes ! :o)

J’aime cette application parce que ça me motive de garder toutes les barres d’état en vert et que j’ai l’impression de jouer à un jeu en faisant le ménage. Par ailleurs, cela m’indique ce que je dois nettoyer en priorité : Aujourd’hui ce sera enlever la poussière et nettoyer les interrupteurs auxquels je ne pense jamais dans l’entrée.

Un achat par semaine no 4. A Monk’s Guide to a Clean House and Mind

Les possibilités de se divertir étant limitées en période de pandémie comme je l’écrivais dans mon article précédent, je me suis retrouvée assez vite à court de choses à faire à la maison. J’avais déjà réduit bon nombre de mes achats (un achat par semaine) et de mes possessions, mes vêtements étaient triés et pliés au carré, mes komono étaient stockés dans des boîtes façon ©Konmari, j’avais brossé mon corps, bu du thé en regardant la pluie tomber ;o) et pris un bain chaud comme Dominique Loreau, dans quelle autre activité pouvais-je donc bien me lancer ?

« Stéphanie, tu pourrais peut-être arrêter de t’agiter et prendre le temps de profiter de la vie » me conseillait maman. Je suis sûre qu’elle avait raison mais je n’ai toujours pas compris ce qu’elle entendait par « profiter de la vie. » J’ai l’impression que je profite de la vie tous les jours en m’accordant mes petits et mes grands plaisirs. Apprendre, expérimenter et avancer font partie de mon ADN, je crois.

Après le tri, le rangement et le brossage du corps, il était temps que je découvre les « joies » du nettoyage, une activité que j’ai longtemps sous-traitée à la femme de ménage quand j’habitais à Pully. Je me suis demandé s’il était possible d’aimer exécuter les tâches ménagères comme de faire du sport et de courir un marathon, synonymes pour moi de nécessité (sauf pour le marathon) et de beaucoup de souffrance.

J’ai donc acheté le livre « A Monk’s Guide to a Clean House and Mind” (en anglais uniquement. Je lis indifféremment en français ou en anglais) du moine bouddhiste Shin japonais Shoukei Matsumoto (je n’ai pas trouvé de titre similaire écrit par une mère au foyer ou un moine trappiste de l’Ordre des Cisterciens). Les moines japonais passent environ 2h chaque jour à nettoyer, ce qui garantit une sacrée expérience dans le domaine. Ce qui m’a intéressée, c’est leur rituel de nettoyage et le lien entre la concentration nécessaire pour effectuer la plus infime de leur tâche – la plus importante étant le nettoyage des toilettes – afin d’arriver à une purification de l’âme et à une tranquillité de l’esprit. Autrement dit, plus tu manies ta panosse (= serpillière en vf), plus ton intérieur reluit et plus tu es content !

Il y a des éléments que je ne vais pas retenir comme par exemple, l’achat d’un costume Samue en coton, d’une serviette Tenugui à nouer sur la tête et des sandales Setta fabriquées en iguesa, matière utilisée pour la confection des tatamis, parce que je ne suis ni nonne ni japonaise. Je ne vais pas me raser la tête non plus ni me nourrir dans un set de six bols Orioky. Je vais également garder mon armée de petits robots et continuer à utiliser mes produits d’entretien habituels (Jemako, mon amour) même si les moines bouddhistes n’utilisent que de l’eau, du bicarbonate de soude et un peu de savon pour nettoyer leurs temples.

En revanche, il y a plein de conseils qui me parlent, comme par exemple :

  • Nettoyer et ranger chaque jour ce que j’ai utilisé dans la journée (bon, maman me disait ça aussi).
  • Garder les jours contenant les chiffres 4 et 9, appelés Shikunichi, pour réparer ce qui est cassé et ceux finissant en 3 ou en 8 pour nettoyer les endroits auxquels on ne pense pas ou qui sont difficiles d’accès comme les lampes ou le haut des armoires. Pourquoi ces chiffres, je l’ignore.
  • Ouvrir les fenêtres avant de commencer chaque session de nettoyage qui est un bon moyen pour se connecter à la nature. Les jours de pluie, on nettoie l’intérieur de la maison et on s’occupe de l’extérieur (balcon, terrasse, jardin, allées) quand la météo le permet, ce qui est d’une logique imparable.
  • Célébrer les saisons en changeant de garde-robe deux fois par année le 1er juin et le 1er octobre, le mot garde-robe n’étant pas tout à fait approprié pour un moine puisqu’ils reçoivent trois tenues en tout et pour tout, une d’été et une d’hiver : une pour le ménage, une pour la vie de tous les jours et une pour les cérémonies. Je peux me plier à cette coutume en observant la date des soldes en Suisse, par exemple, solde d’été (23 juin – 20 juillet) et solde d’hiver (12 janvier – 8 février) :o) Oui, je suis bassement matérialiste.
  • Porter des vêtements blancs par-dessus des sous-vêtements blancs pour une sensation de fraîcheur et de netteté comme si « le vent frais soufflait sur le corps » (sic), ce qui oblige les moines à faire la lessive tous les jours, ce qui ne sera pas mon cas (vive les machines à laver le linge !). Je n’exclus pas la possibilité de porter des sous-vêtements en dentelle noire ou colorée pour élever mon degré de sexytude mais il est évident que les moines n’en portent pas.
  • Pratiquer la pleine conscience quand je me brosse les dents et fais ma toilette, prépare mes repas en lavant et en rangeant les ustensiles au fur et à mesure que je les utilise, fais pipi-caca en m’émerveillant sur les extraordinaires fonctionnalités de la machine merveilleuse qu’est mon corps qui s’auto-nettoie tout seul (je ne plaisante pas, il y a un chapitre sur le sujet ;o)).
  • Dédier une place pour chaque objet que je possède. Le moine Shoukei Matsumoto préconise aussi « d’écouter les objets » comme Mari Kondo « parce qu’ils savent ce qui est bon pour eux » (oui, oui, l’étincelle de la joie, tout ça). L’animisme doit être un concept très japonais. Je pense que si on doit communiquer avec les objets après la communication avec les humains, les esprits et les animaux, on n’est pas rendu ! ;o)
  • Être plus attentive à la nature et à mon environnement en humant l’air qui change en fonction des saisons, en écoutant le chant des insectes et des oiseaux qui nous indiquent quelle heure il est dans la journée (attendez, il est rouge-gorge moins le quart), en ressentant sur ma peau les bienfaits du froid et de la chaleur, en me nourrissant en fonction de ce que la terre veut bien nous donner et en ne gaspillant pas les ressources.
  • Procéder à un nettoyage de printemps une fois par année (les moines japonais le font en décembre). Pour cela, j’aime beaucoup le rituel du grand nettoyage de la maison avant Pessah, la Pâque juive, où on met tout sens dessus dessous, rien ne reste à sa place, on vide tous les placards de la cuisine de tous les aliments et on nettoie tout jusqu’à la moindre petite poussière !

J’ai eu beaucoup de plaisir à lire ce petit guide, joliment illustré, qui expose la vie quotidienne dans un monastère bouddhiste avec simplicité et humilité. J’ai aussi enfin compris pourquoi ma mère coréenne versait de l’eau dans son bol de riz avant de le boire après avoir terminé son repas, ce que je trouvais déroutant ! Cela vient d’un rituel bouddhiste qui consiste à gratter avec une spatule les miettes des récipients qui ont servi à se nourrir, du plus grand contenant au plus petit contenant, pour les boire ensuite en y versant de l’eau ou du thé. Rien n’est gaspillé et on peut ensuite essuyer le bol avec un linge propre avant de le ranger.