Je reviens sur mon blog après une période de deuil due à la disparition d’un pilier important de ma famille. J’ai vécu un épisode douloureux de ma vie, certes, mais qui a été atténué par le soulagement d’avoir pu dire adieu à la personne aimée et de l’avoir vue relativement en bonne forme avant son départ rapide et sans souffrance selon le médecin qui a assisté, impuissant, à ses derniers instants.
Il y a plusieurs façons de surmonter son chagrin. Certains écrivent leurs sentiments dans leur journal intime ou sur une lettre qu’ils brûlent ensuite, trouvent un réconfort dans la méditation et la prière, appellent les amis ou la famille pour leur demander du soutien ou consultent un thérapeute s’ils se sentent couler. Quant à moi, j’ai accepté que la mort fasse partie intégrante du miracle de la vie au même titre que la naissance (on ne sait pas d’où on vient ni où on va et même s’il n’y a rien, ce n’est pas grave car on ne s’en rendra pas compte), compris que l’on est plus attristé pour soi-même que pour la personne décédée qui n’apprécierait sans doute pas que l’on se mette dans un tel état pour elle (en tout cas, c’est ce que j’éprouverais) et pensé que cela aurait été nettement plus chouette pour tout le monde s’il y avait des téléphones portables au paradis (Dis, Steve Jobs, tu passes tes journées à faire quoi là-bas ?) !
J’ai aussi :
- Laissé les larmes couler, qui survenaient la plupart du temps quand j’étais seule et au moment où je m’y attendais le moins (pendant mes 10’000 pas quotidiens, derrière mon écran d’ordinateur au travail, à la piscine de l’EPIC SANA Algarve Hotel, lors d’un footing, sur le chemin de retour à la maison), sans les retenir
- Fait face au deuil en réglant un maximum de tracas administratifs pour la cérémonie d’adieu, bien aidée il est vrai par l’employé des Pompes Funèbres : les fleurs, le faire-part de décès dans les journaux, la réception après la messe, les cartes de remerciement…
- Gardé ma routine quotidienne même si le moral n’était pas toujours au beau fixe. Je suis ainsi allée travailler le lendemain de la terrible nouvelle. Je me réfugie toujours dans le travail en cas de problème ou de malheur, cela me permet d’oublier ma tristesse en m’occupant l’esprit
- Marché le plus longtemps possible pour prendre du recul par rapport à la situation
- Pris l’avion pour partir en vacances en Algarve, à Lisbonne et à Paço dos Arcos au Portugal. Changer d’endroit et de contexte est au final ce qu’il y avait de mieux pour moi
- Pleuré encore et encore
- Passé un weekend à Paris
- Pris soin de ma santé en consultant mon médecin généraliste spécialiste en nutrition qui, après plusieurs tests et analyses, m’a conseillé d’intégrer plein de choses dans mon alimentation – déconseillées d’habitude mais nous avons tous un organisme et un métabolisme différents – que j’évitais comme la peste : le sel et la caféine, y compris le Coca-Cola normal que je peux boire sans conséquence pour mon poids, pour remonter ma toute petite pression et même un hamburger avec des frites si je veux ! ;o)
- Prêté plus d’attention que d’habitude à la beauté autour de moi : la plage de São Rafael, les falaises de Ponta da Piedade, les forêts de pins parasol, les quartiers animés de Lisbonne, les rues de Paris, la très belle décoration d’intérieur de l’hôtel Thoumieux du Chef Jean-François Piège, les rayons du Bon Marché Rive Gauche, les roses d’Agave Fleurs à Lausanne, etc.
- Eté entourée de personnes positives : mon Frangin qui m’a fait découvrir le Monaco (bière et sirop de grenadine) aux Brasseurs pendant le carnaval de Lausanne alors que nous venions de sortir, chamboulés, de la chambre funéraire, ma famille et mes amis avec une mention spéciale à Lobo qui a rédigé une très belle lettre pour nous qui étions dans la peine, mes collègues qui se sont montrés fantastiques avec moi avec une carte, une orchidée et un gâteau au chocolat maison, les belles et exquises Mélodie pour un déjeuner chez Paprika et Caroline pour un Odessa Pop au Café Odessa à Paris, Gwendy pour un hamburger chez Crazy Wolf à Fribourg, Cécile que je ne connais pas dans la vie réelle mais qui m’a envoyé une carte et à qui j’ai répondu hier et même ma prof de maths de mon école privée des bonnes soeurs qui est venue à l’enterrement !
- Dormi de longues heures
- Pleuré jusqu’à ce que je n’aie plus de larmes. Ca fait du bien !
- Eté bonne avec moi-même et essayé d’être le plus souvent polie et aimable avec les autres qui me l’ont bien rendu : la gentille dame qui a placé sa valise entre les portes du métro à Paris pour me laisser entrer, le chauffeur de taxi qui s’est levé de son siège pour m’ouvrir la porte à Montparnasse, l’inconnu qui voulait me faire entrer gratuitement dans le métro, les vendeurs extrêmement attentifs et professionnels du Bon Marché et le serveur du Montreux Jazz Café à la Gare de Lyon
- Eté fière de ne pas m’effondrer même s’il n’y avait aucun mal à ça. Je sais maintenant que je suis une vraie « barbare des steppes » ;o) et que je peux compter sur moi
- Découvert que, loin du détachement prôné par le bouddhisme, je voulais plus que tout m’attacher aux êtres et aux choses, aimer avec fureur et passion même si ça doit faire mal
- Pris le temps nécessaire pour me retrouver avant mon retour sur mon blog
La leçon que j’ai retenue de ce mois intense en émotions, c’est que mes jours sont comptés (un cliché que tout le monde connaît mais qu’on oublie trop vite jusqu’à ce que la mort d’un être cher agisse comme une piqûre de rappel et relègue toutes les préoccupations au second plan) et que je souhaite consacrer du temps pour définir qui je suis et ce qui est important pour moi, quitte à déplaire, pour aligner mon existence en fonction de ces deux interrogations. Sans oublier d’ajouter des éléments non-essentiels à ma vie de tous les jours, cela va de soi !
Miss you. Love ❤