Chercher l’inspiration chez Jeong Kwan

Continuons sur la lancée de mes sources d’inspiration. Comme vous pouvez le constater, mes icônes à moi ne sont pas des blogueuses mode ni de beauté, ni même des « influenceuses » sur les réseaux sociaux, mais des femmes qui ont pour point commun de faire la popote ;o)

Aujourd’hui, j’aimerais vous présenter Jeong Kwan, une nonne bouddhiste coréenne encensée par les plus grands chefs du monde : René Redzepi du Noma à Copenhague, Eric Ripert du Bernardin à New York, Mingoo Kan du Mingles à Séoul, entre autres. Traumatisée par la mort de sa mère, Jeong Kwan a décidé d’entrer dans les ordres à 17 ans pour éviter de devenir maman et d’avoir à infliger à son enfant cette douleur terrible qui a déchiré son cœur à jamais.

Depuis qu’elle est entrée au temple de Baekyangsa, elle a consacré toute sa vie à la méditation, au jardinage et à la cuisine de monastère, une cuisine vegan sans ail, oignon, cébette, poireau et ciboulette peu propices à un esprit calme et détendu. Elle cultive ses fruits et ses légumes sur un lopin de terre sans clôture ni pesticides (et tant pis si la moitié de la récolte est mangée par les bêtes, c’est le jeu ma pauvre Lucette), prépare ses propres sauces quitte à attendre 10 ans pour obtenir de la sauce soja (!) et met le dharma en pratique en apprêtant les produits de la terre avec conscience et savoir-faire.

Loin de moi l’idée de devenir nonne. Je suis bien trop vaniteuse pour me raser les cheveux (mon crâne n’est pas aussi beau que celui de Jeong Kwan) et j’aime trop la séduction et la compagnie des hommes pour renoncer à eux et à mon petit confort matériel. Ce qui me séduit et me trouble à la fois chez Jeong Kwan, c’est la sérénité qu’on lit sur ses traits. Comment fait-elle pour être pleine d’énergie alors qu’elle ne dort que 3 heures par nuit ? N’éprouve-t-elle jamais de ras-le-bol face à la monotonie de ses journées et n’a-t-elle jamais envie de voir ce qui se passe ailleurs ? Comment gère-t-elle ses désirs de femme et les pulsions de son corps ? Trop de choix et de possibilités tuent-t-ils la paix et l’harmonie intérieures ?

Me connaissant, ce n’est ni la méditation ni la religion qui vont apporter de réponses à mes interrogations. En revanche, j’ai une piste de réflexion à creuser à travers la réalisation de tâches quotidiennes simples, comme certaines d’entre-vous me l’ont écrit dans l’article précédent, telles que faire la cuisine et le ménage (j’ai une femme de ménage…), prendre soin de mon corps, de ma santé et de mes affaires et fabriquer quelque chose avec mes dix doigts. Je me rends compte que ma vie est trop dématérialisée et que j’ai perdu le contact avec mes sensations. Je veux éprouver la satisfaction du devoir accompli et prendre le temps de faire les choses bien plutôt que de les zapper ou de les considérer comme des corvées.

Tels sont les enseignements que je retire de Nancy Singleton Hachisu et de Jeong Kwan, qui sont peut-être incapables de rédiger un MoU (Memorandum of Understanding) et de faire des plans stratégiques à 4 ans, mais qui sont tellement plus avancées que moi dans la réussite de la vie qu’elles se sont choisies !

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Pas de cheveux, pas de maquillage, pas d’habits autres que ceux réglementaires du couvent, pas de distractions, serait-ce donc cela, vivre libre ?

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Je suis très attachée à la vaisselle et à l’esthétique des plats. Pour moi, la cuisine ne consiste pas uniquement à préparer quelque chose de bon mais aussi à savoir mettre les produits en valeur pour flatter les cinq sens.
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La beauté d’une cuisine dépouillée sans boîtes de conservation en plastique aux couleurs criardes.

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