Vivre dans un cocon no. 3

Règle du cocon no. 3. Développer des habitudes.

Il y a des mots qui ont des connotations négatives comme la routine. Or, quand je lis le livre du moine Shoukei Matsumoto, je constate qu’il a dédié son existence à vivre dans la routine : se lever tôt, laver son visage et s’habiller, commencer la journée par le nettoyage, balayer les sols et le jardin, polir le hall d’entrée, manger lentement et dans le silence, méditer et prier, avant de se coucher en ayant accompli les mêmes tâches tous les jours, 365 jours par année, toujours au même endroit, sans aucune perspective de siroter un cocktail sur une île paradisiaque ou de faire un road trip en Ferrari ou en Aston Martin.

C’est là où la notion de société de consommation saute à la figure comme un furoncle sur le visage de Miss Univers. Désolée pour l’image mais je n’ai pas trouvé mieux…

La routine n’est donc pas quelque chose à fuir. Accepter la répétition des gestes quotidiens peut renforcer la capacité de profiter de l’instant présent et baisser l’anxiété face à l’impermanence des choses, soit tout le contraire de ce que j’ai fait pendant ces deux dernières années où j’ai voulu sortir de ma zone de confort ! Elle donne également un sentiment de sécurité et de contrôle en nous ancrant dans la vie, en donnant de la consistance à des petits gestes anodins et en nous offrant une stabilité émotionnelle sans pour autant tomber dans la maniaquerie. Je pense qu’il y a un équilibre à trouver.

Je suis toujours en télétravail et me déplace à Lausanne quand j’ai des réunions en présentiel, soit une fois par semaine environ, et j’ai commencé à développer quelques rituels dans mon appartement que j’apprends à aimer de plus en plus, même si je lutte contre cette impression désagréable que je ne vais pas y rester pour toujours. J’ai cependant un grand désir de me poser maintenant et de me sentir vraiment CHEZ MOI.

Il ne suffit pas de signer un contrat de vente et droit d’emption chez un notaire pour se sentir propriétaire, il faut aussi se familiariser avec le lieu. J’ai débarqué sur la Riviera vaudoise par hasard. Je n’ai pas de parents qui y habitent, je n’ai aucun souvenir particulier associé à Montreux hormis que j’aimais aller au Festival de Jazz et au marché de Noël une fois par année, je n’ai aucune idée des noms des petits villages alentour, je suis totalement étrangère à la région et j’ai un tout nouveau chapitre de mon histoire personnelle à écrire !

Il n’y a que la petite Mizar qui est de Montreux. Elle est née à une centaine de mètres de la résidence et peut revoir sa maman quand elle veut :o)

Voici donc quelques-unes de mes « joies quotidiennes » © Mélodie du Bonheur :

Les chats attendent patiemment que je me réveille pour que je leur donne leur pâtée. Je leur laisse des croquettes en libre-service mais ils tiennent à leur sachet de mousse le matin et de gelée le soir Royal Canin pour chatons.

Je bois un grand verre d’eau et un mug de chocolat noir Caotina ou du thé anglais Fortnum & Mason avec du miel et un nuage de lait © Jolitorax dans Astérix et les Bretons. Je mets le lait avant de verser l’eau chaude, ce qui est complètement idiot puisque mes mugs sont en verre et que cette façon de faire archaïque servait à préserver la porcelaine de mauvaise qualité en Angleterre qui craquait sous l’effet de la chaleur contrairement à celle des classes supérieures qui pouvaient se permettre de verser le lait après. Je prépare donc mon thé comme une prolétaire.

Je travaille ensuite jusqu’à 13h environ entre deux passages de Kumba ou de Mizar qui se couchent sur le clavier (ils savent des raccourcis que je ne connais pas comme mettre le laptop sur mode avion, afficher la fenêtre des post-it virtuels, mettre la langue de travail en finlandais, etc.), heure où je m’occupe de mon ménage : je fais mon lit qui a eu le temps de s’aérer et m’attaque à une zone (l’entrée le lundi, la cuisine le mardi, la salle de bain le mercredi, les chambres le jeudi et le séjour le vendredi) pendant que Cendrillon et Blanche-Neige, mes robots ménagers, s’occupent quotidiennement des sols, braves petites, un jour leur Prince viendra, la la la.

Kumba me réclame une friandise (un stick liquide Vitakraft) après sa sieste et je profite de cette pause pour lui apprendre des petits tours, aussi à Mizar, comme s’asseoir ou se mettre debout sur les pattes arrières (je vous dirais quand j’arriverais à les faire sauter à travers des cerceaux de feu :oP). Je leur presse aussi les coussinets de temps en temps pour faire sortir les griffes et ouvre leurs mâchoires doucement pour qu’ils s’habituent à être manipulés par la vétérinaire.  

Je profite parfois de ma pause de midi pour m’appliquer un masque ou me faire un soin ou me préparer à manger mais cela varie parce que j’attends d’avoir faim. Ce qui explique pourquoi je peux prendre mon déjeuner à 17h si j’ai fait un gros repas la veille.

A 14h, je retourne à mes e-mails jusqu’à 18h où je me prépare pour aller au fitness situé à côté du Forum, le centre commercial de Montreux, ce qui est très pratique si j’ai oublié d’acheter quelque chose le week-end, Migros et Coop fermant leurs portes à 20h en semaine. Ou alors je remplace ma session de fitness par des exercices d’étirement et de renforcement musculaire à la maison.

 A 19h30-20h, je suis de retour à la maison et regarde Objectif Top Chef en replay avant de nourrir les chats, puis c’est quartier libre jusqu’à 1h du matin. Je suis une couche-tard et une lève-tard, c’est pour ça que je ne serai jamais « healthy, wealthy and wise » (en bonne santé, riche et sage) comme disent les Anglais.

Je n’ai pas vraiment de rituels ni d’horaires le samedi et le dimanche où je fais ce qui me passe par la tête comme en vacances, à part les courses pour la semaine. J’aimerais toutefois prendre plus de temps pour visiter la région, découvrir les sentiers dans la forêt mais aussi buller dans mon coin à regarder le paysage et savourer le temps qui passe. Tout simplement.

Emménager

Après mes articles partir, déménager, il me semble logique de parler d’emménager :o) Hé bien, je suis un peu submergée en ce mois de juin ! J’ai la même sensation que lorsque j’ai réussi ma « matu » (= examen fédéral de maturité, sorte de BAC en Suisse) : j’étais soulagée de l’avoir, plein de personnes m’ont félicitée mais je ne savais pas encore quelles études je voulais faire.

Pour plus de clarté, aussi dans ma tête, je vais lister tout ce qui s’est passé depuis le 1er juin, date de la remise des clés de mon chez moi à Montreux où le courtier m’a offert une bouteille de vin rouge de la région avant de passer chez le notaire signer la réquisition de transfert au Registre foncier et les derniers documents concernant l’achat de mon appartement.

  • Le transport et le nettoyage de mon appartement à Lausanne ont été réalisés par FRES Déménagement à Genève qui a été fantastique du début à la fin : estimation des devis sur place par le patron, envoi des contrats parfaitement détaillés jusqu’à la fourniture du papier d’emballage et des rouleaux de scotch plus une copie des certificats d’assurances RC et de transport, réceptionniste super gentille, réactive et efficace, équipe de trois déménageurs aimables, rapides et compétents (j’ai des meubles lourds de designers compliqués à monter et à démonter) et nettoyage impeccable pour l’état des lieux. Je repasserai par eux si je dois déménager à nouveau, ce qui ne devrait pas être le cas dans l’immédiat mais je n’ose plus me prononcer sur le sujet ! Quant aux prix, j’ai payé CHF 1’292.40 pour le transport (là où d’autres m’ont demandé CHF 645.- (?!) et CHF 2’000.-, un forfait sans aucune explication) et CHF 592.35 pour le nettoyage d’une surface de 60 m2 + terrasse, soit un total de CHF 1’884.75 pour le chargement d’un camion et le transport de Lausanne à Montreux, ce qui pour moi est très correct par rapport aux autres devis que j’ai reçus.
  • J’ai défait tous mes cartons et rangé les contenus dans les placards de la cuisine et de mon armoire trois portes. A Lausanne, j’avais une armoire encastrée à l’entrée, mon armoire trois portes et les placards de la cuisine qui était plus petite. Je craignais de manquer de rangement, mais non, j’ai encore des espaces disponibles et m’interroge sur le fait de vouloir un dressing et une autre armoire à l’entrée alors que je n’en ai pas besoin a priori…
  • J’ai mis 10 minutes à chercher ma cave qui se trouve au même étage que mon appartement, ce qui est très pratique pour stocker la litière pour les chats et les boissons ! Elle est dissimulée derrière ce qui ressemble à une porte d’armoire.
  • Le 15 juin, je suis allée au rendez-vous pour l’état des lieux de mon appartement lausannois afin de rendre les clés et la carte de la lessive. Les nouveaux locataires m’ont demandé d’enlever la chatière mais ils gardent le filet de sécurité parce qu’ils ont un chien. Etant donné que le filet a coûté CHF 1’700.- et qu’il est encore sous garantie pendant 2 ans, j’aurais pu leur demander de m’en payer une partie mais j’étais trop contente de m’en débarrasser. Les frais pour l’enlever leur reviendront si les locataires suivants ne souhaitent pas le garder.
  • J’ai organisé un apéritif, un brunch, un goûter et des dîners chez moi. Le cocktail du mois est le Mojito classique ou le Mojito aux fraises : de la menthe, du sucre brun, du rhum, des fraises si j’en ai, des glaçons et des citrons verts et c’est parti !
  • J’ai accueilli la petite Mizar, ma chatonne de trois mois trop chou, moitié Maine Coon et moitié Persan, dans un maelstrom d’événements et autant d’émotions ! Ce qui devait être un brunch tranquille avec ma Roumaine pour souhaiter la bienvenue à Mizar s’est transformé en party improvisée avec l’arrivée de Dani, son mari et sa fille, l’amie de ma Roumaine et une VIP internationale qui est venue boire le thé sur mon balcon !
  • J’ai acheté trois lampes pour le séjour, l’entrée et ma chambre et me déciderai plus tard pour la deuxième chambre, le hall et la cuisine. J’ai également acheté une étagère à coller dans ma salle de bain en attendant de la refaire entièrement, une TV Samsung 75’’ 8K, un lave-linge et un sèche-linge V-Zug Sibir et des coussins pour mon canapé dont je vous parlerai plus tard dans mes articles « un achat par semaine ».
  • J’ai exploré Territet et Montreux à pied pour chercher une boîte aux lettres et les conteneurs pour recycler le verre. Sur le chemin, j’ai découvert la Vieille Ville qui est très jolie ainsi que l’épicerie asiatique « Chez Thoa » qui est aussi bien achalandée que Thao ou Kim Dung à Lausanne.
  • J’ai fait la connaissance de mes voisins qui sont très sympathiques. La résidence est à moitié vide car la plupart des propriétaires sont étrangers et vivent dans leurs pays respectifs : Allemagne, Danemark, etc.
  • J’ai localisé mes différents points de ravitaillement, à savoir le Forum, le centre commercial de Montreux, Migros et Coop et le Minestrone, une super épicerie, boucherie et laboratoire de pâtes fraîches, ai dîné à la Rouvenaz et à l’Eléphant blanc à Territet. J’ai aussi la chance d’être située à 4,5 km de la grande zone commerciale de Villeneuve avec Pfister, Maisons du Monde, Lumimart, Qualipet, Otto’s, Conforama, Hornbach et j’en passe.

Je ne regrette pas une seconde d’avoir quitté mon ancien appartement à Lausanne. Je ne l’ai pas dit aux nouveaux locataires, mais il est sombre et humide en hiver, obligeant de vivre avec la lumière électrique constamment allumée, ce qui est loin d’être le cas de mon chez moi à Montreux, un nid d’aigle orienté plein sud, où je suis entourée de lumière naturelle.

Une collègue m’a conseillé de prendre le temps de bien m’installer avant de décider des changements à faire et des travaux à entreprendre dans mon appartement. C’est important de passer quelques instants à y vivre et à ne rien faire pour savoir ce qui m’est utile et indispensable. Par ailleurs, comme je suis vraiment « chez moi », chose que j’ai encore de la peine à réaliser, rien ne presse.

En tout cas, je trouve que mon appartement est beau et me convient à la perfection. La vue, qui est un élément important pour moi, est sublime comme au chalet et c’est une bénédiction de me lever chaque matin pour contempler tant de beauté sous mes yeux, même quand la météo est pourrie.

Avec mes 108 m2 de surfaces habitables plus mes 20 m2 de balcon pour une personne, je suis loin du petit habitat prôné par les minimalistes et Dominique Loreau mais cet espace est raisonnable pour que je puisse l’entretenir sans avoir besoin d’y passer des heures ou d’engager une femme de ménage. Je n’ai pas envie de travailler comme une folle ou de manger des pâtes tous les jours pour rembourser une hypothèque (= j’ai acheté mon appartement en fonction de mes moyens) ni de m’encombrer de choses ou de courir les magasins pour décorer un intérieur plus grand et plus luxueux. Je veux profiter de mon logis pour vivre au calme, dans la sérénité, l’ordre et la propreté, me balader au bord du lac et dans la forêt tout autour, sentir l’air frais, profiter de la couleur changeante du ciel, déjeuner sur les quais fleuris de la ville, aller au Festival de Jazz en été et au marché de Noël en hiver.

J’aime mon appartement car il m’offre une qualité de vie et une sécurité pour l’avenir, un endroit à moi pour me réfugier en cas de chômage, de problèmes financiers, familiaux, sentimentaux et je vais le traiter comme un véritable ami qui m’apporte du confort, du bien-être, de l’énergie positive, de l’intimité, de la convivialité et de l’émerveillement constant pour tout ce qui touche à la joie de vivre !

Ma petite Mizar de Flaminia. Elle est aussi gentille, douce et sociable que Kumba ! Les deux adorent les humains et cherchent le contact. Mizar ronronne fort dès qu’on la touche. Je n’ai jamais vu ça avec Kimchi et Izzi qui avaient peur des inconnus.
Il y a un côté très méditerranéen à Montreux. La végétation avec les grands ifs y est pour beaucoup !
La fête battait son plein sur la terrasse de la villa d’un millionnaire où l’on aperçoit les lampions allumés. Je suis dans un quartier de résidences qui portent toutes un joli nom. J’aime que les maisons portent un nom et pas juste un numéro de rue.

Déménager

Il y a 8 mois, j’écrivais l’article Partir et en le relisant, je me suis dit que j’avais fait beaucoup de chemin. Non seulement mon appréhension de vivre seule après 14 ans de vie de couple était infondée, mais mon impression que je partais pour le meilleur s’est vérifiée. Comment pouvais-je envisager 8 mois plus tôt que j’allais trouver et acheter mon chez moi à Montreux en 15 jours ? Je savais que mon appartement lausannois était un lieu de transition mais je pensais y rester plus longtemps sinon, je n’aurais pas pris la peine d’investir dans un filet de sécurité ni dans une chatière pour Kumba !

8 mois plus tard, je m’apprête à nouveau à mettre des cartons dans les cartons pour déménager. Je pourrais reprendre exactement la même photo pour illustrer mon nouvel article, sauf que Kumba a grandi et s’intéresse désormais plus à trouver une femelle qu’à voler les emballages de viande dans le sac à ordures.

Je n’arrive pas encore à me réjouir d’être enfin chez moi, car j’ai du mal à réaliser ce qui s’est passé (c’est trop tard, ma petite !) et je n’arrive pas encore à me projeter dans les murs de mon appartement que je n’ai vu qu’une demi-heure. Je sais en revanche que le déménagement me barbe déjà parce que j’ai plein de choses à faire :

  • Faire trois appels d’offre à des entreprises de déménagement (je n’ai jamais fait appel aux amis parce que je trouve que ce travail est dur et ingrat et je serai gênée de le leur demander).
  • Etudier les devis d’entreprises de nettoyage. Danijela, la patronne du salon de coiffure Red Room, m’a proposé les services d’une ancienne diplômée de l’ECAL, l’école d’art que j’ai suivie, qui a besoin d’argent mais je vais quand même contacter des professionnels, ne serait-ce que pour connaître le montant de leur prestation.
  • Publier une annonce sur les sites dédiés à la location de biens immobiliers pour trouver au moins une personne solvable d’ici au 15 juin et assurer les visites. Si j’avais su, j’aurais fait une copie d’écran de l’annonce pour l’appartement afin de n’avoir pas à refaire le texte et les photos…
  • Contacter le copain assureur afin de savoir que faire avec les polices d’assurances que j’ai contractées et les adapter au besoin par rapport à ma nouvelle situation.
  • Me renseigner sur mon abonnement TV et Wifi pour savoir si je dois le résilier ou si je peux le conserver.
  • Annoncer mon départ à la Commune de Lausanne et mon arrivée à la Commune de Montreux.
  • Remettre mon appartement en état : reboucher les deux minuscules trous au mur où j’ai accroché les tableaux et contacter le vitrier et la société qui a installé le filet de sécurité dans le jardin si le nouveau locataire n’a pas de chat (je croise les doigts pour qu’il en ait un !).
  • Informer les services industriels de mon nouveau domicile (activation des services).
  • Procéder aux changements d’adresses. J’ai organisé la réexpédition de mon courrier auprès de La Poste depuis Pully à Lausanne mais je ne sais pas s’ils peuvent le faire depuis Pully, Lausanne et Montreux ?
  • Emballer mes affaires. Heureusement, je n’ai pas de tri à faire ! J’aimerais bien me débarrasser de ma table basse en bois et en cuir Natuzzi et de mon meuble TV (j’ai un pied à la cave, mais où ranger les boîtiers et les fils pour raccorder la TV et le Wifi ?) mais je préfère m’installer d’abord dans mon nouvel appartement et m’occuper ensuite de la décoration. De toute façon, j’ai besoin d’une table basse et j’aviserai pour le meuble TV. Je ne suis pas non plus attachée au tapis sous ma table en céramique Roche Bobois mais Kumba a décidé que c’était son griffoir géant… Autant qu’il l’use plutôt qu’il fasse ses griffes sur un tapis neuf acheté à grands frais.
  • Faire l’état des lieux de sortie avec la régie et rendre les clés et en finir à jamais avec le monde de la location !

J’espère que je vais rester plus de 8 mois dans mon nouveau chez moi cette fois mais je ne parierai sur rien parce que le changement est là ! :o)

Un achat par semaine no 1 en 2021. Home Sweet Home

Dans une autre vie quand une équipe de TV de Korean Broadcasting System (KBS, rebaptisée KGB par maman qui a participé à deux tournages :o)) nous interviewait mon Frangin et moi pour savoir « où étaient nos racines », je me souviens qu’on avait ri comme des baleines (la vache qui rit, rit, d’accord, mais les baleines ? Encore une expression cocasse de la langue française) en préparant les questions. Nous étions fatigués d’avoir cette équipe de tournage sur le dos 7/7 et H24 et nous nous amusions à inventer des réponses absurdes :

« Mes racines ? Elles sont dans un pot en terre cuite, bien sûr ! »

A 20 ans, je ne savais pas comment répondre à cette question. Je suis née et j’ai vécu à Séoul jusqu’à l’âge de 5 ans et demi puis à Lausanne et ses environs depuis mon adoption. A 20 ans, je voulais découvrir le monde, ce que j’ai fait par la suite en voyageant sur les cinq continents, mais je ne souhaitais en aucun cas m’enraciner quelque part.

Je crois que je n’ai toujours pas envie de m’enraciner quelque part, je préfère l’idée de déposer mes valises quelque part, une conséquence sans doute de mon adoption qui m’a appris que le monde peut s’écrouler en une fraction de seconde et que l’on peut perdre à jamais ses parents, sa famille, son pays, son identité, sa langue et même son nom. Le côté positif, c’est qu’une fois qu’on a tout perdu, on n’a plus peur de rien ou presque.

L’achat de mon appartement, qui me paraît toujours invraisemblable en raison de sa rapidité, est parti d’une réflexion consciente et pragmatique comme je vous l’expliquais dans mon article précédent : pourquoi dépenser CHF 1’850.- par mois pour un appartement qui ne m’appartient pas et que je veux changer pour le mettre à mon goût (cuisine, carrelage et salle de bain) alors que j’ai les moyens d’acheter beaucoup plus grand en payant moins de mensualités ?

L’équation étant assez simple à résoudre (et surtout parce que j’avais les fonds propres nécessaires, soyons réalistes), me voici propriétaire d’un appartement de 102,5 m2 comprenant une entrée avec la possibilité d’y mettre une salle d’eau, un dressing ou une buanderie (= mon choix. Je vais faire installer une colonne de lavage, même s’il y a deux buanderies communes dans l’immeuble et une penderie pour les chaussures et les vêtements d’extérieur), une salle de bain avec baignoire avec la possibilité de faire une deuxième salle de bain/douche (je vais utiliser la salle de bain pour commencer et je verrai par la suite si j’ai besoin d’une autre salle d’eau), 2 chambres, un dégagement pour un bureau (pas besoin, j’installe mon laptop partout du moment que j’ai la Wifi et une prise électrique), une cuisine avec un bar, un séjour/salle à manger de 47 m2 avec une sortie sur le grand balcon, une grande cave sur le même étage, ce qui est super pratique et surtout, ce que le dossier ne mentionne pas, une vision à 180 degrés sur le lac Léman sans aucun vis-à-vis !

Mon appartement se trouve à 5 minutes en voiture et à 15 minutes à pied du centre-ville de Montreux, la ville sur la Riviera réputée pour son microclimat doux et méditerranéen, le festival de jazz en été et le marché de Noël en hiver, sa statue de Freddie Mercury (6 albums de Queen ont été enregistrés à Montreux) et sa promenade le long du lac bordée de fleurs, de palmiers et de bâtiments de style Belle-Epoque !

Cela va me faire un grand changement de déménager de Lausanne et de la région lausannoise où j’ai toujours vécu mais il est certain que je ne vais pas regretter les rangées d’immeubles en béton (pour ça, je ne commettrais plus l’erreur de vivre dans un quartier au-dessus de la gare de Lausanne, j’aime trop le lac et sa proximité) rendus encore plus gris et tristes cet hiver par la pandémie qui tue à petit feu non seulement les personnes vulnérables mais aussi tous les commerces, les cafés, les restaurants et la vie culturelle. Je ne coupe pas non plus tous mes liens avec le chef-lieu du Canton de Vaud puisque je vais continuer à y aller 3 jours par semaine pour y travailler quand les autorités le permettront, ce qui me donnera l’occasion d’aller au cinéma (j’ai un abonnement annuel Pathé suspendu jusqu’à nouvel ordre) et dans les musées, de déjeuner sur le pouce au Café Nespresso ou au BG Café à Saint-François avec mes copines, d’acheter mon beurre de cacahuètes favori Koeze Company chez Globus, du chocolat chez Blondel et de l’excellente viande chez Hermida à Montchoisi, à la Bouche qui Rit et chez Maillefer au Mont-sur-Lausanne, de boire un latte chez Sleepy Bear et Ca passe crème et de retourner au Beau-Rivage Palace pour un Singapore Sling ou un Moscow Mule, mes deux cocktails préférés, au BAR, un menu shabu-shabu ou un teppanyaki de homard au Miyako, un plateau de fruits de mer au Café Beau-Rivage, des déjeuners d’affaires à l’Accademia, un brunch à la Terrasse, un repas gastronomique chez la chef étoilée Anne-Sophie Pic et un dîner croisière sur un bateau Belle-Epoque de la CGN sur le Léman !

Bien entendu, je resterai aussi fidèle à mes chères Danijela du Salon Red Room pour la coiffure et Jessica de Beauté Attitude pour la manucure ainsi qu’à mon dentiste et à mon médecin qui me suivent depuis des années et que je vois heureusement très peu (le dentiste et le médecin, pas Danijela et Jessica) !

Ce n’est pas parce que je travaille à Lausanne que je suis obligée d’y vivre et je me réjouis de découvrir bientôt les nouvelles adresses à Montreux où je sais d’ores et déjà qu’il y a une très bonne fromagerie et un salon de thé, une herboristerie, une chocolaterie, une parfumerie, des boulangeries, des cafés et des restaurants dont le Fouquet’s du Chef multi-étoilé Pierre Gagnaire, le Montreux Palace et un McDonald’s au Forum ;o)

Il y a également plein de belles balades à faire dans la région, ce qui est important pour moi parce que j’aime me promener dans la nature et parce que je dois m’entraîner pour faire le bisse du Levron avec ma cousine Mumu cet été ;o). Danijela m’a montré plein de photos de sentiers dans la forêt où elle va cueillir de l’ail des ours au printemps et des champignons en automne, organiser des pique-niques improvisés le long d’un ruisseau en été, etc., tout ce côté champêtre qui fait aussi partie de ma personnalité.

C’est un nouveau chapitre de ma vie qui commence et je sais qu’il sera riche et beau (on dirait que je parle d’un homme, là, haha ;o)) parce que je vais faire en sorte qu’il le soit !

La Riviera vaudoise et ses vignobles en terrasse de Lavaux, patrimoine mondial de l’UNESCO
Montreux a accueilli de nombreuses célébrités dont Freddie Mercury, le chanteur de Queen qui y a sa statue : les compositeurs Piotr-Ilych Tchaikovsky et Igor Stravinsky, le poète et le conteur danois Hans Christian Andersen, les écrivains Léon Tolstoï, Ernest Hemingway, Vladimir Nabokov, Francis Scott Fitzgerald, Rainer Maria Rilke, Lord Byron, Jean-Jacques Rousseau, Alphonse Daudet et Sissi, Impératrice d’Autriche.
Vue depuis mon appartement avec la Tour d’Ivoire à droite, le plus haut bâtiment de Montreux situé au centre-ville

Devenir propriétaire en Suisse

Cela fait une semaine tout juste que j’ai fait des offres pour deux appartements avec une demande de réduction de CHF 50’000.- pour l’un et CHF 20’000.- pour l’autre qui ont été acceptées, ce qui ne m’a pas aidée à prendre une décision :o)

Depuis, les événements se sont enchaînés à coups de téléphone et de courriels avec les courtiers, les banques (j’ai contacté trois banques dont une seule a réussi à me faire une offre ferme en 5 jours ouvrables dans un laps de temps aussi court ;o)) et le notaire chez qui je vais signer l’acte de vente jeudi prochain !

Ce ne sera pas mon premier bien immobilier puisque je possède déjà de la parcelle constructible ainsi que le chalet de grand-papa Louis en Valais, une résidence secondaire qui a été entièrement démolie (impossible de garder les fondations) et reconstruite en retrait de 8 mètres de la route selon les directives communales.

Cette fois, j’ajoute une résidence principale à mon patrimoine, un endroit où je vivrai la majeure partie de mon temps, quoique je peux faire ce que je veux et vivre où je veux, en fait, maintenant que j’y pense ! :o)

Les démarches pour acheter mon appartement ont été très rapides et je m’en étonne moi-même : L’idée d’acquérir ma résidence principale a trotté dans ma tête en décembre quand je suis montée un mois au chalet. J’étais tellement bien là-haut auprès de mes cousins, la vue était si belle, le paysage féerique et je soupirais à l’idée de retourner à Lausanne dans la grisaille hivernale ! Pour quoi faire, d’ailleurs ? J’étais en télétravail depuis le 13 mars, je n’avais plus aucune attache à Lausanne depuis la mort de mes parents à part ma tante que je voyais une fois par mois et je payais un loyer mensuel de CHF 1’850.- pour un 2,5 pièces de 60 m2 avec un jardin qui ne m’appartenait pas. Le choix d’habiter à Lausanne était celui de mes parents, pas le mien, et la pandémie a transformé durablement ma façon de travailler.

Le 1er janvier, j’ai donc décidé que l’année 2021 serait consacrée à l’achat d’un logement et que je prendrais le temps nécessaire pour éplucher les annonces ou plutôt pour surfer sur les sites spécialisés. Le mois de janvier a été bousculé par l’arrivée de Kaly, sa maladie et sa mort foudroyante (pauvre petite Kalypuce :o(). Le temps de me remettre de sa perte et le mois de février était passé ! Entretemps, j’ai reçu le dossier d’un bien avec un jardin sur plan au Mont-sur-Lausanne que j’ai refusé après avoir vu le lieu où le bâtiment devait être construit (il y a le joli Mont-sur-Lausanne et le moins joli Mont-sur-Lausanne à cheval avec les quartiers du haut de Lausanne).

Puis, il y a eu les deux annonces d’appartements à vendre dans deux lieux différents dont l’un parlait à ma raison et l’autre à mon cœur. J’ai passé quelques nuits sans sommeil (pas trop, puisque ça fait juste 8 jours tout ça ;o)) jusqu’à l’appel de mon banquier ce lundi qui a tout changé : je faisais une affaire en or en achetant le bien pour lequel j’avais eu un coup de cœur.

La raison rejoignant le cœur, il n’y avait plus aucune raison de douter !

Ecrit comme cela, ça a l’air très facile d’acheter un bien immobilier en Suisse mais c’est loin d’être le cas ! La Suisse est un peuple de locataires avec l’Espagne et la Lettonie en Europe : 9 habitants sur 10 sont locataires à Genève et à Lausanne. La faute à la rareté des logements à vendre dans ces deux villes où les prix flambent mais aussi aux restrictions à la propriété : Les acheteurs doivent disposer de fonds propres (= argent cash) à hauteur de 20 % du prix d’achat, ce qui devient compliqué pour les ménages de la classe moyenne.

Prenons par exemple l’achat d’une maison à CHF 1’000’000.-, un bien quasi illusoire à trouver à ce prix à Genève, à Lausanne ou à Zürich, les trois villes les plus chères de Suisse, sans prévoir de gros travaux de transformation/rénovation !

L’acheteur doit apporter 20 % de fonds propres, soit CHF 200’000.-, dont 10 % minimum de sa poche (= CHF 100’000.-) et CHF 100’000.- du 2ème pilier (assurance vieillesse) et prévoir du cash supplémentaire pour payer les frais de notaire qui s’élèvent à 5 % du prix d’achat environ, soit CHF 50’000.-.

Pour un bien de CHF 1’000’000.-, l’acheteur doit donc prévoir un budget de CHF 260’000.- cash minimum, si on compte les impôts qu’il devra payer sur le retrait des CHF 100’000.- de son assurance vieillesse, soit CHF 10’000.- (10 % environ).

Il reste ensuite à trouver une assurance ou une banque qui sera d’accord de faire une hypothèque pour CHF 800’000.-. L’acheteur sera alors confronté à une autre difficulté : son salaire qui doit respecter la règle d’or selon laquelle le coût du logement ne doit pas dépasser un tiers des revenus, le calcul devant être réalisé sur un taux élevé. Ainsi :

  • Taux bas de 1 % : CHF 8’000.- = CHF 666.- (le chiffre du diable ;o)) par mois + frais d’entretien de la maison à prévoir + amortissement ou pas selon les conditions.
  • Taux élevé de 5 % : CHF 40’000.- = CHF 3’333.- par mois + frais d’entretien de la maison + amortissement ou pas, ce qui signifie que l’acheteur doit gagner un salaire minimum de CHF 10’000.-/mois.

Le salaire moyen d’un Suisse étant de CHF 5669.- (EUR 5113.-), il est impossible pour un salarié suisse de la classe moyenne d’acheter un bien à CHF 1’000’000.- sauf s’il vit en couple, que les deux personnes travaillent et sont co-débiteurs, s’il apporte plus que 20 % de fonds propres et/ou s’il gagne plus de CHF 10’000.-/mois.

Dans mon cas, j’achète seule et j’ai la chance d’avoir les fonds propres et le salaire nécessaires pour pouvoir payer mon appartement ET le chalet si les taux hypothécaires devaient monter à 5 %. C’est pour ça qu’il n’y a aucune raison que les choses traînent si toutes les conditions sont réunies !

L’achat d’un logement est un acte raisonné qui répond à des calculs très précis : on peut ou on ne peut pas. Ce n’est certainement pas en « demandant à l’Univers », en « émettant des ondes positives » ou en « attendant que toutes les planètes soient alignées » ou je ne sais pas quelle théorie New Age qu’on va y arriver.

En tout cas, moi, je n’ai rien demandé, j’ai trouvé et je vais signer ! :o)