« Partir un jour sans retour, effacer notre amour, sans se retourner ne pas regretter, garder les instants qu’on a volés » (2 Be 3)
Je vous avais dit que j’écoutais des chansons de m… ! :o)
Enfin, ce n’est pas tout à fait vrai pour les 2 Be 3… Je ne suis pas désespérée à ce point !
J’ai bien progressé depuis mon dernier article de blog, j’ai trouvé un appartement avec un jardin au cœur de Lausanne dans un quartier qui m’est inconnu et qui m’oblige à sortir de ma zone de confort et suis en train de préparer mes cartons pour le déménagement dans deux petites semaines.
Je ne pleure quasi plus, le plus éprouvant pour moi ayant été de faire mes adieux à la famille de Lui et à notre femme de ménage que je ne reverrais sans doute jamais.
J’ai pris la décision de partir mais j’ai l’impression que Lui le vit aussi bien que moi car nous en parlons depuis plus d’une année. J’ai de la peine à identifier ce qui m’a motivée à prendre cette décision mais elle était aussi claire pour moi que lorsque j’ai débarqué chez Lui il y a 14 ans avec ma valise et Kimchi le chat en lui expliquant que j’avais résilié mon appartement. Je « savais » que cela se passerait bien et qu’il ne me fermerait pas la porte au nez même si nous n’avions pas abordé le sujet d’une vie commune :o)
Je pense souvent à maman et je l’entends me dire, en soupirant « Tu sais, il y a bien des concessions à faire dans un ménage » et « De nos jours, les gens se quittent pour un rien, c’est malheureux. » Oui, maman avait peut-être raison mais c’était SA vision de la vie et SA manière de penser.
14 ans de vie de couple, ce n’est pas rien, et je comprends ce que maman voulait dire par rapport aux concessions à faire (se taper les meurtres de Crime District au lieu des Reines du Shopping, mais non, je rigole !). Savait-elle toutefois ce que ça signifie de s’éteindre à petit feu, de sentir sa joie et sa lumière intérieures décliner jusqu’à n’être plus qu’un pâle reflet de soi-même, alors que je suis censée être heureuse puisque j’ai « la chance de vivre à deux et de tout avoir » ?
Il est certain que c’est une décision égoïste et que « je pourrais faire des efforts » (même Lui n’a pas envie de les faire, alors, à quoi bon ?). Cependant, je « sais » que la vie m’entraîne ailleurs, où je n’en ai aucune idée, mais elle m’a toujours offert des cadeaux qui étaient mieux que dans mes rêves les plus fous : être adoptée par papa et maman qui m’ont tout donné, retrouver ma famille coréenne alors que je ne voulais pas la rechercher, travailler à l’international dans un job passionnant au lieu de m’ennuyer comme secrétaire dans un cabinet d’avocats (= mon tout premier entretien professionnel où je suis tombée des nues quand l’avocat m’a reproché mon inexpérience – forcément, puisque j’étais fraîchement diplômée de l’école d’art de Lausanne et que j’avais suivi des cours du soir de secrétariat avec option juridique – et m’a demandé sans plaisanter si je savais utiliser une photocopieuse… Ma foi, oui et je sais même allumer un ordinateur, truc de dingue !) et rencontrer Lui dans un avion au retour de la Tunisie alors que, le cœur meurtri, je ne voulais plus entendre parler de relation avec un homme !
Pour avancer, je dois renoncer à plein de choses, voire à une partie de moi-même : mon confort et ma sécurité, ma routine quotidienne, mon couple qui ne fonctionne plus même si on s’aime encore et qu’on s’apprécie toujours, un appartement idyllique ainsi que la nostalgie d’un passé révolu. Je sais aussi par expérience qu’il est vain de s’accrocher à un amour perdu à moins de vouloir se faire du mal (c’est un choix que je respecte pour être passée par là car il s’agit plus d’un mal pour un bien. On en ressort grandi) et que je n’ai aucune envie de vivre une vie tiède et sans saveurs. J’ai tellement mieux à faire que de me laisser paralyser par mon inaction par peur d’avoir peur ! Je suis aussi persuadée que la vie est une somme d’expériences et je ne veux pas me réveiller un jour en constatant qu’il est trop tard pour développer tout le potentiel qui sommeille en moi. Pourquoi passer à côté de mon histoire personnelle alors que quoique je fasse, la mort est au bout du chemin ? Autant vivre à fond et ne rien regretter !
Il y a aussi un autre aspect de la séparation qui me fascine et qui m’effraie à la fois et que je vois comme un challenge à relever : vaincre définitivement ma peur de me retrouver seule et lutter contre mes pensées limitantes dues au vide affectif qui ne sont que des visions de l’esprit. Je vais y arriver parce que je suis riche d’une très belle et longue relation avec un homme qui m’a guérie de ma dépendance affective, que j’ai confiance en la vie et en l’amour et aussi parce que je « sais » que j’ai l’ouverture d’esprit et la curiosité nécessaires pour découvrir chaque jour de quoi demain sera fait. Je veux apprivoiser mes peurs et les considérer comme des signaux positifs pour progresser plutôt que comme des éléments perturbateurs pour excuser mon manque de courage et de volonté.
En fait, le plus dur est derrière moi.
