Ranger avec Marie Kondo

… ou plutôt regarder Marie Kondo ranger sur Netflix ! :o)

Ma réputation me précède car ma Roumaine et Anne sur FB m’ont envoyé un message pour m’informer que Netflix sortait en janvier une série documentaire intitulée « l’art du rangement avec Marie Kondo », la papesse japonaise du rangement qui promet « d’amener de la joie » (spark joy) dans les foyers grâce à sa méthode konmari.

Le style Marie Kondo, c’est un top blanc, une jupe évasée colorée, des collants opaques et des escarpins noirs

Après une soirée de visionnage boulimique ou binge-watching comme disent les Anglo-Saxons qui s’est terminée vers 2h du matin (Netflix, c’est le mal, comme pour les cacahuètes, je suis incapable de m’arrêter après un ou deux épisodes), je vous livre ce que j’en ai pensé.

Tout d’abord, il y a quelque chose que je ne comprends pas dans l’humanité en général (enfin, il y a plein de choses, mais on ne va pas y passer des heures). D’un côté, on nous abreuve d’injonctions pour « réussir notre vie » à base d’objectifs à atteindre (une maison, une femme/un mari, un à deux enfants, un 4 x 4, un labrador et une Rolex à 50 ans), on sponsorise les influenceurs qui dépassent les millions de vues sur les réseaux sociaux pour nous vendre leur « vie de rêve » et les accessoires griffés qui vont avec, on crée d’immenses temples de la consommation comme The Shoppes at Marina Bay Sands de Singapour, le dernier shopping mall où je suis allée sans rien y acheter toutefois, puisqu’il faut bien un lieu où dépenser l’argent qu’on a gagné en trimant comme des ânes pour « montrer qu’on a réussi » et de l’autre, on nous dit que si on croule sous les objets chez soi, on est limite un raté tout pourri qui ne sait pas gérer sa vie.

Il faut savoir. On doit acheter ou pas acheter ?

Mon impression globale après 7 épisodes de l’art de ranger avec Marie Kondo, c’est que je trouve l’ensemble lisse, redondant et pas très palpitant. Marie Kondo, accompagnée de sa traductrice arrive dans une famille américaine bien typée et politiquement correcte (le jeune couple débordé par ses jeunes enfants, le couple d’immigrés japonais, le couple ethnique pakistano-américain, la veuve wasp en deuil, le couple gay, le couple de futurs jeunes parents, la famille noire relocalisée…), s’agenouille pour saluer la maison, puis donne ses conseils de rangement à suivre dans cet ordre immuable : 1. Les vêtements, 2. Les livres et les papiers, 3. Les souvenirs, 4. Les komono, soit tous les objets qui ne rentrent pas dans une catégorie et qui, dans l’émission, sont souvent stockés dans le garage.

Après 3 épisodes, on comprend vite le concept de la méthode konmari : on empile tous ses vêtements, chaussettes comprises, en un endroit, on prend chaque pièce une par une sur son cœur pour savoir si on ressent « l’étincelle du bonheur » qui doit faire « ting » comme mon Thermomix, on le plie en carré avant de le ranger et on s’attaque au reste.

Après 4 épisodes, seul le contexte change et on apprend que grâce à la méthode, le conjoint est plus amoureux, le chat est plus heureux (sic), les enfants sont plus coopératifs, la famille est plus unie, bref, on nage en pleine mélodie du bonheur, les edelweiss en moins.

Après 7 épisodes, je… euh… je me lève du canapé pour tituber comme un zombie jusqu’au lit pour me coucher.

Okay, je force un peu le trait mais je trouve que tout ça est très gentillet, à l’image de Marie Kondo et ses allures de poupée miniature affublée de faux cils qui me ferait presque passer pour une brute épaisse mal dégrossie face à tant de délicatesse kawaï renforcée par son allure de petite écolière et ses cris flûtés « hiiiiiiiiiiiiii, j’aime trop le désordre ! » qu’elle pousse en battant des mains.

Quant à apprendre quelque chose, même si Marie Kondo nous livre quelques astuces par-ci par-là (comment plier les housses de couette, les layettes pour bébé et les fameuses chaussettes), je pense qu’on fait vite le tour de sa méthode : façonner les vêtements en petits carrés à la verticale, ranger les objets dans des boîtes à la verticale et remercier les choses dont on ne veut plus avant de s’en débarrasser en classement vertical.

Pour cela, l’émission « C’est du propre » sur M6 était beaucoup plus fun pour le même résultat.

Heureusement pour nous, Marie Kondo avoue qu’elle n’est pas toujours un exemple et que cela lui arrive d’avoir du désordre chez elle quand elle est fatiguée (hiiiiiiiiiiii, elle a laissé traîner son trousseau de clés sur la table de la salle à manger, les pauvres, comment survivront-elles à pareil traumatisme ?).

Plus que ses techniques de rangement, c’est sa relation animiste avec les objets qui me parle comme le fait de saluer la maison qui est un rituel touchant et que je vais reproduire chez moi et au chalet. J’aime éprouver ce sentiment de gratitude. J’aime être reconnaissante pour tout ce que j’ai : un toit sous lequel m’abriter, un lit dans lequel dormir, des vêtements pour me tenir chaud, un sac pour transporter mes affaires, un téléphone pour garder le contact avec mes proches, une carte bancaire pour retirer de l’argent, un élastique pour attacher mes cheveux (cf. Happy Me à Turin ;o)), la liste est longue mais c’est ce qui m’a amenée à cesser d’acheter pour acheter, à faire attention à ma manière de consommer et à ne m’entourer, au final, que d’objets (et de gens par extension) qui provoquent en moi cette fameuse « étincelle de joie » !

Spark Joy! © Marie Kondo.

(c) All photos: Netflix et Internet.

Ranger les vêtements

Sur le marché, il existe plein de théories pour avoir le minimum de vêtements possibles : la garde-robe capsule, the 333 project, la méthode Konmari de Marie Kondo que je n’ai pas lue mais dont on trouve toutes les informations utiles sur Internet, Zero Waste Home de Mme Béa, 99 objets nécessaires et suffisants de Dominique Loreau, La Parisienne d’Inès de la Fressange, The One Hundred de Nina Garcia, etc., etc.

On peut donc se prendre longtemps la tête sur la quantité de vestes à posséder, si on peut porter une marinière avec un jean blanc, un Trench et des mocassins bijoux roses (oui), s’il faut décliner le blanc, le noir et le gris pour tous ses basiques (tristounet, non ?) et si la foudre va s’abattre sur nous si on n’a pas de sac en cuir de reptile.

Pour moi, l’important est moins de savoir si mon armoire serait validée par Inès de la Fressange (non, parce que je n’ai toujours pas de ballerines, ni de marinière, ni de jean blanc, ni de joncs en strass, pauvre fille), par Cristina Cordula (ma chérrrriiiie, ma chériiiie, c’est une vraie catastrophe) ou par une blogueuse minimaliste, que de renfermer uniquement ce que j’aime et que je prends du plaisir à porter au quotidien.

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Je suspends les jupes, les robes, les chemisiers, les vestes et les manteaux sur des cintres en bois et plie soigneusement les habits « mous » (pulls, pantalons, jeans) dans des boîtes en tissu et en cartons, façon Marie Kondo. A noter qu’il me reste de la place pour de futurs achats puisque les boîtes à droite sur l’étagère supérieure sont vides ;o)

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Je range par catégories de vêtements et par couleurs : les manteaux et les vestes à droite, puis les chemisiers, les robes et enfin les jupes

En tout et pour tout, l’entier de ma garde-robe, toutes saisons confondues, tient dans une petite armoire à deux portes tandis que les sous-vêtements et les accessoires sont stockés à part dans un tiroir. J’ai cessé de compter le nombre de robes, de jupes, de pantalons que je possède mais je sais exactement où ils se trouvent et ne perds pas de temps pour m’habiller ou pour préparer ma valise quand je pars en voyage.

Mes vêtements sont disparates et correspondent à mon mode de vie : les pulls en grosses mailles côtoient les robes de cocktails, les vestes strictes de bureau le chemisier blanc à froufrous, la doudoune matelassée le débardeur en cachemire… Je n’ai pas de stratégie dans mes achats. Comme vous le savez, j’essaie d’éviter les grandes chaînes de prêt-à-porter et préfère aller dans des boutiques plutôt que de commander sur Internet. Je dis bien « j’essaie » car ce n’est pas évident et j’aime toujours Maison Standards.

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Une photo de la petite Izzi en train de me surveiller dans mon rangement ou plutôt attendant patiemment que je veuille bien jouer avec elle ! ;o)

Quant au rangement, je m’inspire des photos et vidéos de Marie Kondo sans m’encombrer de ses idées naïves et gentillettes sur la souffrance causée aux chaussettes roulées en boule ou au grand chagrin éprouvé par le T-shirt troué dont on se sépare. Je suis sans cœur, c’est fou.

A présent, est-ce qu’il m’arrive de ne pas « savoir quoi me mettre le matin » ? Oui, évidemment ! :o) Parfois, je suis limitée par le peu de vêtements que je possède entre deux lavages, parfois, je n’ai pas ce qu’il me faut comme par exemple, un maillot de bain que je dois absolument remplacer pour les prochaines vacances (j’en avais un que j’ai jeté car il s’est détendu), parfois j’en ai marre de porter toujours la même chose.

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J’ai souvent lu dans des forums des femmes qui demandaient : « Oui, mais comment faire du rangement à la maison si le reste de la famille ne suit pas ? » Hé bien, je n’ai pas attendu sur Lui pour faire du rangement. Je me suis simplement occupée de mes affaires et lui ai montré comme tout était impeccable dans mon armoire une fois que j’avais terminé. Cela l’a certainement motivé pour faire du tri à son tour puisqu’il est parti donner ces trois sacs pleins à craquer à une association. A noter quand même que Lui déteste le désordre, ça aide !

Cette année, en plus d’un maillot de bain, j’ai besoin de T-shirts (ça devient urgent, je pique ceux, trop grands, de Lui), d’une jupe droite au-dessus du genou (je n’ai que des minis jupes, ça ne va pas. A voir) et de 2 robes fluides pour le travail et ce sera à peu près tout, je crois.

Edit Mode

A quelques jours des fêtes de Pâques, je l’avoue, j’ai raté mon Carême 2015. Il faut dire qu’il avait bien mal commencé avec un week-end en amoureux post Saint-Valentin à Lisbonne où je n’ai pas réussi à contenir ma frénésie d’achats dans la boutique Marciano au centre Colombo ni à me contenter d’une modeste soupe pour tout repas dans les exquis restaurants de la ville.

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Mes T-shirts « qui me procurent de la joie » (sic) pliés selon la méthode Marie Kondo. C’est joli, esthétique (en réunissant mes hauts, je me suis rendu compte qu’ils s’accordaient tous dans une harmonie de blanc, de gris souris et de rose layette ;o)) et pratique. Le rangement vertical permet d’avoir une meilleure vision de ce que l’on possède et permet de gagner une place folle dans l’armoire ! A présent, je ne suis pas sûre d’adhérer aux réflexions de Marie Kondo qui dit que « Lorsque vous ne les (les vêtements) portez pas, imaginez qu’ils sont en vacances » ! Et quand on les lave, ils sont dans un Jacuzzi au Spa, c’est ça ? ;o)

J’ai cependant quelques points positifs à mon actif en ce qui concerne le ménage de printemps. Tout d’abord, le désencombrement ne me concerne plus car je n’ai plus d’objets personnels superflus hormis quelques rares affaires à donner, à envoyer ou à recycler. Je m’emploie désormais à « aimer » mes chaussettes et mes vêtements en les pliant avec soin selon la méthode de Marie Kondo qui a écrit un guide sur la « Magie du Rangement ». A ce propos, je suis fière de moi car je n’ai pas couru l’acheter de suite en librairie quand il est sorti. Les ouvrages de Dominique Loreau et les informations sur Internet (articles et vidéos explicatives) me suffisent, puis, je ne fais qu’appliquer le principe no 1 de la nouvelle gourou japonaise du rangement : faire le vide chez soi ! :o)

En parlant de principes, passons en revue les 10 commandements de la « papesse du rangement » livrés par Le Nouvel Obs qui me suffisent pour me faire une idée :

  1. La méthode KonMari tu appliqueras. C’est un peu la base si on veut suivre cette méthode, non ? ;o)
  2. Une fois pour toutes tu rangeras. Marie Kondo ne suit pas les préceptes du Kaizen puisqu’elle préconise de ranger d’un seul coup… sur 6 mois. J’y vois comme une légère contradiction, puis, je n’ai pas assez d’affaires pour consacrer 6 mois à les ranger.
  3. Des sacs-poubelle de 45 litres tu rempliras. En Suisse, nous avons des sacs-poubelle de 17, 35, 60 et 110 litres mais pas de 45 litres, ça part donc mal ;o) Et à CHF 20.- les 10 sacs de 35 litres (taxe au sac), je conseillerai plutôt le recyclage. Quant à jeter tous les papiers administratifs, c’est un très mauvais conseil même si l’envie ne me manque pas ! Les scanner à la limite.
  4. Dans ta main les objets tu prendras. Se poser la question de savoir si l’objet « me met est en joie » est une bonne idée que j’ai commencé à appliquer en les publiant sur Instagram.
  5. Par catégories les objets tu trieras. Je n’ai pas assez d’objets pour les classer par catégories. Je sais que j’ai deux solaires, deux parapluies, deux chapeaux, deux vernis, une casquette, un stylo-plume, un appareil photo numérique, une paire de gants, un eyeliner, une brosse à cheveux, etc.
  6. Au même endroit les objets tu réuniras. Etant donné que le point 5 ne s’applique pas pour moi, je ne vois pas l’utilité de réunir mes affaires au même endroit.
  7. Une place pour chaque objet tu choisiras. J’ai vidé une étagère de mon armoire et je la remplis au fur et à mesure que je prends les objets en photo sur Instagram.
  8. A plier tes vêtements tu apprendras. Merci les vidéos sur Internet ! Ce conseil est simplement génial et fait toute la force de la méthode KonMari !
  9. L’effet rebond tu éviteras. Etant donné que je m’astreins à n’acheter qu’un objet par semaine, je n’ai pas trop de souci à ce niveau-là même si je pense que 52 achats, c’est déjà trop.
  10. Ta maison tu salueras. Hum, je parle déjà à mes plantes vertes et à ma voiture à qui je donne des noms. S’il faut que je fasse de même avec ma crème pour les mains et ma clé USB, ça va vite devenir compliqué… Disons que, comme pour le point 4, cela permet de savoir d’une manière positive si on tient à un objet ou pas et ça, c’est bien !

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La méthode « Konmari » (c) Marie Kondo appliquée à la pharmacie… le temps que Lui remette le bazar dans le tiroir ! Ce qui me plaît dans cette méthode de rangement, c’est que l’on garde uniquement ce que l’on aime, ce qui est plus motivant et moins culpabilisant que de se débarrasser de son désordre tel le « sale hoarder de base, misérable victime de la société de consommation, blablabla ». Un discours qui est également moins extrême que celui tenu par Madame Béa sur son blog Zéro Waste Home dont je ne suis toujours pas remise : sérieux, elle se maquille vraiment avec de la poudre de cacao et du jus de betterave ?

Tout n’est pas encore parfait dans ma penderie mais j’y vois plus clair et arrive à me constituer un style qui m’est propre et qui n’est pas calqué sur celui de la dernière blogueuse à la mode ou sur le livre La Parisienne d’Inès de la Fressange que je garde encore dans le doute. Je l’ai consulté il y a quelques jours pour glaner quelques incontournables à ramener de Paris le weekend prochain et n’ai rien vu de particulier. Je n’ai pas envie d’une besace en toile Upla (pour quoi faire ?), ni de veste d’homme, ni de jean blanc, ni d’escarpins Roger Vivier, même si elle écrit que ce sont des « must-have ». Pour elle, pas forcément pour moi.

En 2015, je veux être authentique, cultiver ma singularité, finir ce que j’ai commencé et me plonger dans des activités qui me passionnent. C’est peut-être ça la finalité du rangement et de l’approche minimaliste.