Voter

Abordons un sujet inhabituel sur mon blog aujourd’hui mais qui me tient à cœur : le système de vote et la démocratie directe en Suisse. La suffragette en moi bondit chaque fois que j’entends mes compatriotes hausser les épaules en disant que voter ne sert à rien. Voter, pour moi, est un geste politique mais c’est aussi rendre hommage à toutes ces femmes anglo-saxonnes qui se sont levées au début du XXe siècle pour revendiquer le droit de vote et protester contre le fait d’être considérées comme intellectuellement inférieures à un homme. Puis, sachant que le suffrage féminin suisse a été introduit en 1971, juste après l’Afghanistan, l’Iran et le Maroc (sic), il est peut-être temps que nous, femmes, fassions entendre notre voix.

D’après maman, voter était un devoir, et je me rappelle qu’elle me le reprochait quand je ne me rendais pas aux urnes dès ma majorité légale atteinte (18 ans en Suisse). Depuis, je le fais systématiquement.

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Oui, bah, Koyangi, le pays irait mieux si les femmes restaient à la maison pour faire la cuisine et s’occuper de leurs enfants, là où est leur vraie place. Il y aurait moins de chômage et de délinquance. Le plus effrayant, c’est que je plaisante à peine…

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La démocratie directe en Suisse s’exerce de trois façons :

  • Le référendum obligatoire qui permet de changer la constitution du pays ou d’adhérer aux organismes internationaux, comme par exemple, l’adhésion de la Suisse à l’Union européenne qui a été rejetée en masse pas les cantons alémaniques, en obtenant une double majorité de la population et des 26 cantons, disposant chacun de sa propre constitution.
  • Le référendum facultatif qui permet à chaque citoyen suisse de récolter 50’000 signatures dans un délai de 100 jours après l’adoption d’une loi pour la faire rejeter.
  • Le référendum populaire qui permet à chaque citoyen suisse de modifier la constitution du pays en réunissant 100’000 signatures dans un délai de 18 mois.

Contrairement en France, le peuple suisse n’est pas mobilisé tous les 5 ans pour élire des représentants mais se prononce toute l’année sur des sujets aussi divers que la modification de la loi fédérale sur le transit routier dans la région alpine (LTRA, acceptée), la loi fédérale sur l’aménagement du territoire (LAT, aceeptée) ou encore les initiatives populaires pour que les « pédophiles ne travaillent plus avec les enfants (acceptée), « contre l’immigration de masse » (acceptée), « l’interdiction de construire des minarets » (acceptée), « pour un revenu de base inconditionnel (rejetée), « halte aux avantages fiscaux des millionnaires » (rejetée), « 6 semaines de vacances pour tous » (rejetée à la grande incompréhension des pays voisins), etc.

On vote donc sur tout et parfois sur des sujets très techniques comme l’arrêté fédéral concernant la réforme de la péréquation financière et de la répartition des tâches entre la Confédération et les cantons (RPT) qu’il faudrait peut-être laisser aux spécialistes de la question.

Les prochaines votations, prévues pour le 23 septembre 2018, portent sur des sujets importants pour moi :

  • Arrêté fédéral concernant les voies cyclables et les chemins et sentiers pédestres. Traiter les voies cyclables de la même manière, sur le plan juridique, que les chemins et les sentiers pédestres.
  • Initiative populaire « pour des denrées alimentaires saines et produites dans des conditions équitables et écologiques (initiative pour des aliments équitables) » La Confédération doit promouvoir les denrées alimentaires produites dans le respect de l’environnement et des animaux, et dans des conditions équitables. Les normes suisses devront aussi s’appliquer aux denrées alimentaires importées au moyen de contrôles en Suisse et à l’étranger. L’initiative exige également des mesures pour réduire les incidences du transport et de l’entreposage sur l’environnement, pour lutter contre le gaspillage alimentaire et pour promouvoir la production régionale et saisonnière.
  • Initiative populaire « Pour la souveraineté alimentaire. L’agriculture nous concerne tous » Réorienter la politique agricole vers une agriculture de petite paysannerie, plutôt familiale, et promouvoir une agriculture durable, diversifiée et n’ayant pas recours au génie génétique. Les contre : une plus forte intervention étatique et des coûts plus élevés pour les consommateurs comme pour le budget de l’état, des mesures parfois incompatibles avec les accords internationaux en vigueur.

Râler sur les fraises du Pérou en hiver et les pommes du Chili à la Coop alors que c’est la saison en Suisse est une chose, mais agir est une autre et la votation du 23 septembre est l’occasion de faire bouger les choses. Chacun fait comme il l’entend mais je serai toujours du côté des paysans et de l’agriculture de proximité. Quand on sait que 1’300 exploitations ferment chaque année en Suisse avec des taux de suicide élevés de personnes qui se lèvent à 4h30 du matin tous les jours pour nous nourrir, je me dis qu’il est temps de les soutenir plutôt que de laisser la main aux industriels, quitte à changer de mentalité et d’habitude de consommation. Est-ce normal qu’en 2018, nous dépensions davantage pour nos loisirs que pour notre alimentation ? Entre les promotions à 70 % sur le Nutella qui provoquent des bagarres et des émeutes dans une grande surface, le scandale des lasagnes à bas prix à base de cheval et un pain de seigle aux noix de la boulangerie de Sembrancher en Valais, j’ai choisi mon camp.

Quant à la prochaine initiative « pour la dignité des animaux de rente agricole » afin de soutenir financièrement les agriculteurs qui laissent les cornes aux vaches mais aussi aux taureaux et aux chèvres, j’ai besoin d’en discuter avec le Moriche (Maurice) qui a une ferme dans le village du chalet 2.0 mais je pense qu’il sera pour puisqu’il élève des vaches de la race d’Hérens, les fameuses vaches combattantes du Valais. Et une vache d’Hérens, sans ses cornes, ce n’est plus une vache !

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Même si la Suisse, très conservatrice, est parfois taxée de « xénophobe, europhobe et raciste » (c) Caroline Iberg, il est important de se rappeler qu’un quart de sa population est composée de migrants de 193 pays, comme le montre le très bel ouvrage « The Switzers » des photographes Reiner Roduner et Roland Schmid.

Fêter le 1er août, jour national de la Suisse

(Je reprends mon blog après une longue interruption. Merci à tous de me suivre encore et d’être aussi fidèles !)

Dans l’avion qui me ramenait de Séoul qui est en Corée du Sud et pas en Corée du Nord comme certains me le demandent parfois (Corée du Sud = Kpop, cosmétiques trop mignons, barbecue, drama, Samsung, LG, Hyundai, Daewoo, hommes coiffés comme des Playmobil ; Corée du Nord = Kim Jong Un), je me demandais pourquoi je rentrais en Suisse puisque ma véritable raison d’y être n’y étaient plus : papa et maman. Sans eux, je n’aurais pas de passeport rouge à croix blanche ni de prénom et de nom helvétiques.

Je me disais que je n’étais pas tout à fait coréenne non plus. Bien qu’il me reste une mère et mon deuxième petit frère ainsi que de la famille à Séoul, je me sens étrangère à mon pays d’origine malgré des liens profonds et sentimentaux. Je n’ai pas la même vie ni les mêmes préoccupations que mes anciens compatriotes qui n’aiment pas réfléchir aux questions existentielles et qui sont dans une logique de développement et de progression économique, de (sur)consommation et de réussite sociale à tout prix, ce qui s’explique par leur histoire tourmentée : la colonisation japonaise de 1910 à 1945 et la guerre de Corée de 1950 à 1953 qui a transformé le pays en champ de ruines. Il faut rappeler que la Corée faisait partie des pays les plus pauvres du monde à cette époque.

Toutefois, mes réflexions sur mon identité ont été stoppées net quand mon Frangin qui n’en rate jamais une, m’a dit que j’étais une « banane » : jaune dehors et blanche dedans ! :o)

En tant que banane, j’ai été très fière de présenter le chalet 2.0 en chantier à tante Williamine et à mes cousines hier, jour de la fête nationale suisse. Papa et maman ne sont plus là mais je suis heureuse de voir les réactions positives de ma famille quand ils le visitent pour la première fois, de les entendre s’exprimer sur la beauté du mur en pierre et sur l’effet « wow » du salon et de la salle à manger à l’étage, d’écouter les souvenirs des uns et des autres (à ce sujet, cousine C. a eu une super idée : demander à chaque membre de la famille d’amener une photo ou un objet qui lui rappelle une histoire au chalet de grand-papa lors de la pendaison de crémaillère) et de constater qu’ils s’y projettent déjà pour jouer à la pétanque ou pour aider à constituer une cave digne de ce nom avec des vins valaisans :o)

Le chalet n’est pas et ne sera jamais ma maison mais il symbolise mon point d’ancrage en Suisse, mon pays d’adoption et mon pays tout court. C’est un endroit que je souhaite rassembleur, ouvert sur le monde, où la famille et nos amis auront du plaisir à se retrouver pour passer plein de bons moments dans la joie, les rires, la bonne nourriture et un peu (beaucoup ?) d’alcool ;o)

Vive la Suisse et vive le chalet des bananes !

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Le chalet 2.0 est réalisé par LMD Services Sàrl. Nous n’aurions pas pu trouver mieux !
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(c) photo : Dana

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Trouver un bon boucher

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Désolée, amis vegans pour la brutalité de cette photo de cadavre. Cet article ne vous est clairement pas destiné. Je vous remercie de passer votre chemin si cela vous choque, il y a tellement mieux à lire ailleurs sur le net !

Par les temps qui courent, il est politiquement incorrect de manger de la viande, rouge de surcroît déclarée cangérogène par l’OMS, mais en tant que bovino-porco-végétarienne*, j’aime vivre dangereusement et j’assume.

Je n’ai pas lu le livre « Faut-il manger les animaux ? » de Jonathan Safran Foer ni ne regarde les vidéos atroces d’animaux massacrés dans les élevages et les boucheries de la honte. Je ne souhaite pas non plus susciter ici un débat sur les bienfaits du végétarisme/végétalisme et je refuse de tomber dans une sensiblerie urbaine qui consiste à dénoncer la souffrance animale tout en se baladant avec un sac en cuir dans des bottines en daim et une doudoune remplie de plumes et son capuchon doublé de poils de coyote (n.b. : je n’ai rien contre le cuir, les plumes ni la fourrure). Puis, quoiqu’en disent les véganes, si on a des canines, ce n’est certainement pas pour se nourrir exclusivement de tofu et de graines germées.

Je mange de la viande et apprécie tout autant de manger végétarien un jour sur deux. Non pas par culpabilité mais parce que j’en ai envie et que cela me fait plaisir. Le vrai problème avec la viande, ne serait-il pas plutôt l’industrialisation à outrance qui pousse des technocrates à considérer les animaux comme de la marchandise rentable et non comme des créatures vivantes ? Toutes les fermes ne sont pas comparables et je pense qu’il est bon de soutenir les petits paysans et l’agriculture de proximité. Il y a un monde entre acheter une viande anémiée dans une barquette sous vide dont on ne connaît pas la provenance ou acquérir deux superbes entrecôtes de Simmental, race bovine de l’Oberland bernois à la chair subtilement persillée et fondante, que j’ai trouvées à la boucherie Nardi à Pully !

La boucherie Nardi, originaire de Cully, est une maison réputée qui fournit les meilleurs restaurants de la région lausannoise. Forte de six employés, elle s’est fait un nom avec la qualité de sa viande rassie sur l’os, sa charcuterie et les pâtés de Jacky Gorgerat que je goûterai une autre fois.

Il existe des joies simples dans la vie comme de ressortir de chez un excellent boucher avec un petit paquet de viande joliment emballé dans du papier et la perspective de s’offrir un délicieux dîner de bœuf grillé.

Chez Nardi | Grand-Rue 9 | 1009 Pully

*Certaines personnes se disent pesco- ou ovo-lacto-végétariens, je ne vois pas pourquoi  je ne pourrais pas être bovino-porco-végétarienne si ça me chante :o)

La Palette des Sens à Bex

Je serais très mal placée de me plaindre du rythme trépidant de mes activités qui m’amènent à vivre des choses incroyables à travers le monde, mais je ressens parfois un peu de frustration lorsque les événements s’emballent et que je n’ai pas le temps d’en profiter pleinement.

Il y a tant d’instants extraordinaires que j’aimerais publier dans mon blog !

Prenons par exemple cette délicieuse et froide journée de janvier à Bex, où j’avais réservé une table au restaurant La Palette des Sens, toque rouge au Gault et Millau, pour fêter Noël (!) avec ma copine Madame.

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Je ne connais rien de la ville de Bex à part les salines qu’on apprend à l’école dans les cours de géographie et j’ai choisi La Palette des Sens sur la base des belles photos de leur site Internet. Ce restaurant figurait aussi dans ma liste des établissements suisses à visiter.

L’accueil par le garçon de salle à l’accent sud-américain était franchement sympathique et nous nous sommes tout de suite senties à l’aise dans le décor campagnard chic de la salle à manger boisée aux larges fenêtres voûtées.

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En apéritif, nous avons commandé deux coupes de kir royal au cassis pour ma copine Madame et à je-ne-sais-plus-à-quoi pour moi (ah, bravo, alcoolique) qui nous ont été amenées avec une jolie palette de beurres montés aux épices et aux herbes pour accompagner les petits pains à choix présentés dans un grand panier.

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Potage à la courge et oeuf 64

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Puis, nous sommes passées aux choses sérieuses avec le Menu des Sens et une excellente mise en bouche avec un œuf parfait à 63°-64° dont on ne garde que le jaune que l’on fait cuire à température constante pour obtenir une texture merveilleusement crémeuse. Un vrai délice et mon premier coup de cœur !

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Tiramisu d’avocats et ananas baby, rouelles de homard et de Saint-Jacques en marinade de Yuzu

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La première entrée d’inspiration asiatique était tout en nuances et j’ai apprécié le coulis au piment qui apportait du peps à l’ensemble qui aurait été trop fade sinon.

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Grosse raviole de ris de veau et pleurotes grillées, sa scalopine de foie gras chaude au suc de framboises

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N’étant pas amatrice d’abats, j’ai hésité à changer d’entrée mais ma copine Madame m’a rappelé qu’on avait mangé un délicat ris de veau au Thoumieux du chef Jean-François Piège à Paris et qu’on pouvait faire confiance au talent des chefs pour « sublimer n’importe quel produit » © Top Chef. Ma copine Madame a eu raison d’insister car j’aurais regretté d’être passée à côté de mon deuxième coup de cœur du menu ! Juste un bémol par rapport à la framboise pas de saison mais qui apportait une touche d’acidité bienvenue et nécessaire.

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Caille « désossée », fine farce à la truffe du pauvre, vol au vent de légumes d’hiver et croquante de topinambours, jus réduit à l’huile de noisettes

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Je crois que c’était la première fois que ma copine Madame dégustait de la caille. Lui en prépare de temps en temps à la maison, farcie ou dans un jus inspiré du plat de pigeons que le Zio nous prépare à Perugia. Rien à redire sur la qualité des légumes achetés le jour même au marché de Vevey mais j’aurais aimé trouver une émulsion ou une mousse dans le vol au vent qui servait plus de garniture que de véritable élément entrant dans la composition de l’assiette.

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Le chariot de fromages d’ici et ailleurs

Le chariot de fromages était somptueux et donnait envie de tout goûter ! J’ai un faible pour les fromages quand ils sont servis avec des fruits, des compotes, des noix et un peu de Porto sirupeux.

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Avant dessert

Une panna cotta douce, agréable et onctueuse.

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Macaron au chocolat de Caracas et fleur de sel, ganache pralinée et gelée de clémentines aux fruits exotiques

Le dessert ne m’a pas emballée plus que ça. Les quartiers de clémentines étaient posés sur la gelée avec leur peau au lieu d’être taillés en suprême, ce qui, à mon avis, aurait été plus agréable au palais et le macaron était bien exécuté sans être inoubliable. Il manquait peut-être un liant ?

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Le service rustique collait très bien à l’atmosphère de la maison

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Un thé à la menthe et des mignardises chocolatées. Un thé chaud herbacé que je ne sucre jamais est pour moi une bonne façon de conclure un repas gastronomique.

La Palette des Sens à Bex est une bonne adresse et je remercie le chef Mickaël Pöschl pour avoir réussi à nous communiquer son amour de la cuisine et son envie manifeste d’apporter du plaisir à ses clients.

La Palette des Sens / Hôtel de Ville de Bex / Rue Centrale 8 / 1880 Bex / Suisse

Le Central à Villars-le-Terroir

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Mon Frangin connaît de bonnes adresses dans le canton de Vaud où nous aimons risquer notre vie en consommant de la viande rouge. Villars-le-Terroir est un petit village situé dans le Gros-de-Vaud (les noms sont pittoresques et bien campagnards par ici), où à part une église construite en 1908, il n’y a rien de notable à signaler si ce n’est le restaurant Le Central pour un « taquet », soit un morceau de bœuf ou de cheval de minimum 200 grammes servi avec de la salade et des frites maison ainsi qu’une sauce à choix (béarnaise, poivre vert ou ail).

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Ne vous fatiguez pas à demander la carte au personnel accueillant de l’établissement, il n’y en a pas. Le Central est un endroit pour les carnivores qui vont probablement mourir du cancer mais qui auront pris beaucoup de plaisir avant. De nos jours, cela relève de l’inconscience, de l’épicurisme ou de la gestion des risques de se repaître de chair animale mais au moins, je vous aurais prévenus ! ;o)

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La salle est simple et rustique, la décoration se limite à un bouquet de fleurs fraîches sur la table mais il n’y a pas besoin de plus quand on reçoit une viande d’excellente qualité, tendre et juteuse, avec une sauce à l’ail goûteuse présentée à part, pour un prix franchement raisonnable : CHF 32.- pour 200 grammes, supplément de CHF 10.- par 100 grammes supplémentaires.

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La prochaine fois, car il y en aura une, j’essaierai la sauce au poivre vert.

Restaurant Le Central / Place de l’Eglise 3 / 1040 Villars-le-Terroir / Suisse