Je vous expliquais dans mon article https://koyangi.org/2020/02/05/un-achat-par-semaine-no-1-en-2020/ que cette année, je suivrais les conseils de Béa Johnson pour faire mon Carême sans déchets ou presque. Presque, parce que c’est mal parti depuis le 26 février dernier.
Déjà, parce que j’ai pris l’avion pour passer un week-end de trois jours à Londres comme une méchante Suissesse qui vole trop souvent car je bénéficie d’un pouvoir d’achat élevé et d’une bonne qualité de vie (c’est bien connu qu’en Suisse, nous sommes tous riches ;o)).
Ensuite, parce que je remets en cause l’achat du livre Zéro Déchet de Béa Johnson. Je vous avais parlé dans cet article de ce que nous devrions faire dès maintenant pour avoir une action réelle et concrète sur le climat : https://koyangi.org/2019/10/30/agir-sur-lenvironnement/. Je m’attendais à trouver certains de ces éléments dans son ouvrage mais les chiffres et les statistiques semblent la barber. C’est bien gentil de se maquiller au cacao et au jus de betterave, d’amener des bocaux vides chez le boucher (en voiture certainement parce que ça pèse lourd les bocaux, expérience vécue) et de se contenter d’un seul soutien-gorge déniché en seconde main mais il me semble que cela sert surtout à se donner bonne conscience car le problème est ailleurs.
Ce qui pollue le plus, ce n’est pas le dentifrice conditionné en tube ni le pot de crème vendu au supermarché, c’est la surconsommation d’énergie produite par les centrales nucléaires et les centrales au charbon, le transport en général, le train étant à peine moins polluant que l’avion qui représente entre 2 % à 5 % du rejet de CO2 annuel dans l’atmosphère, le chauffage des logements mal isolés (éteindre la lumière en sortant d’une pièce n’aura aucun impact positif si la maison est chauffée au mazout), Internet qui nécessite des serveurs fonctionnant 24/24 et 7/7 pour que l’on puisse poster et regarder des vidéos à tout heure sur les réseaux sociaux, l’industrie et l’agriculture intensive, etc.
Or, Béa Johnson n’en parle pas ou très peu, sauf pour dire qu’il faut bien vivre quand ça l’arrange. A quoi ça rime de faire des théories sur les 5 R (Refuse, Reduce, Reuse, Rot, Recycle) si c’est pour continuer à faire ses courses au supermarché en voiture, de donner des conférences en avion dans plus de 70 pays (moi-même qui voyage beaucoup, j’en suis à moins de 50), d’être une « icône des réseaux sociaux avec plus de 500’000 followers » (ce n’est pas moi qui le dis, c’est sur son site Internet) et d’inciter les gens à acheter tous les produits qu’elle recommande sur Amazon ? Franchement, ça me dépasse !
Béa Johnson se vante aussi de produire un bocal de 1 litre de déchets par année avec toute sa famille (4 personnes) mais je ne peux m’empêcher de tiquer quand elle préconise de jeter les brosses à dents en bois, les disques démaquillants en coton, le fil dentaire en soie, etc., dans le compost ! Je rappelle que les règles pour faire un bon compost sont d’y mettre que les matières vertes (épluchures, marc de café, pain, restes alimentaires cuits – pas partout en Suisse, cela dépend des communes -, coquilles d’œufs broyées, feuilles, herbes, plantes), les matières brunes (feuilles mortes, petites branches broyées, coquilles de noix, papier, carton), la viande, le fromage et le poisson en très petites quantités car ils attirent les rats et les parasites en se décomposant très lentement. Un compost n’est pas une poubelle ! Produire 1 kg de déchets annuel est louable mais cela ne veut pas dire faire n’importe quoi n’importe comment. Ce qui m’effraie, c’est que des gens suivent ses conseils sans se poser de questions et ça, c’est grave.
C’est pour ça que j’ai décidé de donner le livre Zéro Déchet de Bea Johnson qui est clairement une erreur d’achat. Je tiens à être lucide dans ma démarche de produire le moins de déchets possible pendant la période de Carême et de réfléchir par moi-même à ce que je peux faire en fonction de mes moyens et de ma façon de vivre. Je n’ai pas d’autre ambition que de changer certaines de mes habitudes et de chercher des manières alternatives de consommer. Je suis parfaitement consciente que je vais polluer quoique je fasse mais je vais essayer d’améliorer ce qui peut l’être et ne pas culpabiliser pour le reste.
La période de Carême durant 46 jours, je ferai la liste de mes 46 « bonnes » actions une fois par semaine. Voici les six premières :
No 1. Me passer de Coca Zéro. J’adore le Coca Zéro mais je me suis dit que je pouvais arrêter ma consommation d’une bouteille de 0,45 litres par jour. Cela fait une bouteille quotidienne de PET en moins à recycler. Je compte en boire après Carême lors de sorties ou au restaurant mais plus par habitude.

No 2. J’ai remplacé le Coca Zéro par du thé froid maison que je prépare avec les thés que j’ai déjà : du Genmacha japonais que je bois sans sucre, le thé Marie-Antoinette de Ladurée (je sais que beaucoup l’apprécient mais j’ai de la peine avec les arômes d’agrumes associés à la rose, puis je préfère les thés non parfumés artificiellement). Je fais aussi des Chai Latte chaud avec le thé Chai Mariage Frères. J’imagine que Madame Béa achète son thé en vrac pour ne pas faire de déchets au détriment de la variété des goûts.
No 3. J’ai acheté local à Londres, dont un parapluie dans la merveilleuse boutique John Smith and Sons. D’habitude, je n’ai qu’une pièce de chaque, mais il pleuvait des hallebardes ou plutôt des chiens et des chats dans la capitale anglaise et j’ai dû faire sans mon parapluie Burberry en réparation aux Bonnes Combines à Prilly.
No 4. J’emporte toujours le minimum avec moi quand je pars en voyage. Le poids de la valise pour Londres pour 2 personnes était de 7 kg, poids de la valise inclus, et je n’ai pas pris de sac à main : 1 pull-over, 1 pantalon, 1 robe noire, 1 écharpe, 1 paire de souliers, 1 trousse contenant mes affaires de toilettes, des sous-vêtements, collants et chaussettes et c’est tout.

No 5. Je tricote avec de la laine de moutons portugais achetée à la boutique Retrosaria Rosa Pomar à Lisbonne. Cette laine provient d’anciennes races de moutons, dont certaines remontent même à l’époque des Romains (!). Rosa Pomar met un point d’honneur à rencontrer elle-même les éleveurs réunis dans deux associations ACRO et ANCORME qui luttent pour conserver la diversité des races ovines au Portugal. Une autre boutique de laine que je privilégie est la Filature du Valgaudemar à Saint-Firmin en France. Je ne connais pas de filature en Suisse, le commerce de la laine n’étant pas rentable dans mon pays : CHF 2 pour le producteur alors que la tonte coûte CHF 5.