Limiter mes déchets pendant 46 jours

Je vous expliquais dans mon article https://koyangi.org/2020/02/05/un-achat-par-semaine-no-1-en-2020/ que cette année, je suivrais les conseils de Béa Johnson pour faire mon Carême sans déchets ou presque. Presque, parce que c’est mal parti depuis le 26 février dernier.

Déjà, parce que j’ai pris l’avion pour passer un week-end de trois jours à Londres comme une méchante Suissesse qui vole trop souvent car je bénéficie d’un pouvoir d’achat élevé et d’une bonne qualité de vie (c’est bien connu qu’en Suisse, nous sommes tous riches ;o)).

Ensuite, parce que je remets en cause l’achat du livre Zéro Déchet de Béa Johnson. Je vous avais parlé dans cet article de ce que nous devrions faire dès maintenant pour avoir une action réelle et concrète sur le climat : https://koyangi.org/2019/10/30/agir-sur-lenvironnement/. Je m’attendais à trouver certains de ces éléments dans son ouvrage mais les chiffres et les statistiques semblent la barber. C’est bien gentil de se maquiller au cacao et au jus de betterave, d’amener des bocaux vides chez le boucher (en voiture certainement parce que ça pèse lourd les bocaux, expérience vécue) et de se contenter d’un seul soutien-gorge déniché en seconde main mais il me semble que cela sert surtout à se donner bonne conscience car le problème est ailleurs.

Ce qui pollue le plus, ce n’est pas le dentifrice conditionné en tube ni le pot de crème vendu au supermarché, c’est la surconsommation d’énergie produite par les centrales nucléaires et les centrales au charbon, le transport en général, le train étant à peine moins polluant que l’avion qui représente entre 2 % à 5 % du rejet de CO2 annuel dans l’atmosphère, le chauffage des logements mal isolés (éteindre la lumière en sortant d’une pièce n’aura aucun impact positif si la maison est chauffée au mazout), Internet qui nécessite des serveurs fonctionnant 24/24 et 7/7 pour que l’on puisse poster et regarder des vidéos à tout heure sur les réseaux sociaux, l’industrie et l’agriculture intensive, etc.

Or, Béa Johnson n’en parle pas ou très peu, sauf pour dire qu’il faut bien vivre quand ça l’arrange. A quoi ça rime de faire des théories sur les 5 R (Refuse, Reduce, Reuse, Rot, Recycle) si c’est pour continuer à faire ses courses au supermarché en voiture, de donner des conférences en avion dans plus de 70 pays (moi-même qui voyage beaucoup, j’en suis à moins de 50), d’être une « icône des réseaux sociaux avec plus de 500’000 followers » (ce n’est pas moi qui le dis, c’est sur son site Internet) et d’inciter les gens à acheter tous les produits qu’elle recommande sur Amazon ? Franchement, ça me dépasse !

Béa Johnson se vante aussi de produire un bocal de 1 litre de déchets par année avec toute sa famille (4 personnes) mais je ne peux m’empêcher de tiquer quand elle préconise de jeter les brosses à dents en bois, les disques démaquillants en coton, le fil dentaire en soie, etc., dans le compost ! Je rappelle que les règles pour faire un bon compost sont d’y mettre que les matières vertes (épluchures, marc de café, pain, restes alimentaires cuits – pas partout en Suisse, cela dépend des communes -, coquilles d’œufs broyées, feuilles, herbes, plantes), les matières brunes (feuilles mortes, petites branches broyées, coquilles de noix, papier, carton), la viande, le fromage et le poisson en très petites quantités car ils attirent les rats et les parasites en se décomposant très lentement. Un compost n’est pas une poubelle ! Produire 1 kg de déchets annuel est louable mais cela ne veut pas dire faire n’importe quoi n’importe comment. Ce qui m’effraie, c’est que des gens suivent ses conseils sans se poser de questions et ça, c’est grave.

C’est pour ça que j’ai décidé de donner le livre Zéro Déchet de Bea Johnson qui est clairement une erreur d’achat. Je tiens à être lucide dans ma démarche de produire le moins de déchets possible pendant la période de Carême et de réfléchir par moi-même à ce que je peux faire en fonction de mes moyens et de ma façon de vivre. Je n’ai pas d’autre ambition que de changer certaines de mes habitudes et de chercher des manières alternatives de consommer. Je suis parfaitement consciente que je vais polluer quoique je fasse mais je vais essayer d’améliorer ce qui peut l’être et ne pas culpabiliser pour le reste.

La période de Carême durant 46 jours, je ferai la liste de mes 46 « bonnes » actions une fois par semaine. Voici les six premières :

No 1. Me passer de Coca Zéro. J’adore le Coca Zéro mais je me suis dit que je pouvais arrêter ma consommation d’une bouteille de 0,45 litres par jour. Cela fait une bouteille quotidienne de PET en moins à recycler. Je compte en boire après Carême lors de sorties ou au restaurant mais plus par habitude.

Je vais garder la jolie boîte Ladurée pour y mettre du thé en vrac quand je l’aurais terminée.

No 2. J’ai remplacé le Coca Zéro par du thé froid maison que je prépare avec les thés que j’ai déjà : du Genmacha japonais que je bois sans sucre, le thé Marie-Antoinette de Ladurée (je sais que beaucoup l’apprécient mais j’ai de la peine avec les arômes d’agrumes associés à la rose, puis je préfère les thés non parfumés artificiellement). Je fais aussi des Chai Latte chaud avec le thé Chai Mariage Frères. J’imagine que Madame Béa achète son thé en vrac pour ne pas faire de déchets au détriment de la variété des goûts.

No 3. J’ai acheté local à Londres, dont un parapluie dans la merveilleuse boutique John Smith and Sons. D’habitude, je n’ai qu’une pièce de chaque, mais il pleuvait des hallebardes ou plutôt des chiens et des chats dans la capitale anglaise et j’ai dû faire sans mon parapluie Burberry en réparation aux Bonnes Combines à Prilly.

No 4. J’emporte toujours le minimum avec moi quand je pars en voyage. Le poids de la valise pour Londres pour 2 personnes était de 7 kg, poids de la valise inclus, et je n’ai pas pris de sac à main : 1 pull-over, 1 pantalon, 1 robe noire, 1 écharpe, 1 paire de souliers, 1 trousse contenant mes affaires de toilettes, des sous-vêtements, collants et chaussettes et c’est tout.

La laine Brusca est composée de 50 % de laine de moutons Saloia, originaires de la région de Lisbonne et de Setubal au Portugal et réputés déjà au XIXe siècle pour leur laine et leur lait et de 50 % de moutons mérinos blancs et noirs. En plus du tricot, je m’amuse aussi à faire des latte.

No 5. Je tricote avec de la laine de moutons portugais achetée à la boutique Retrosaria Rosa Pomar à Lisbonne. Cette laine provient d’anciennes races de moutons, dont certaines remontent même à l’époque des Romains (!). Rosa Pomar met un point d’honneur à rencontrer elle-même les éleveurs réunis dans deux associations ACRO et ANCORME qui luttent pour conserver la diversité des races ovines au Portugal. Une autre boutique de laine que je privilégie est la Filature du Valgaudemar à Saint-Firmin en France. Je ne connais pas de filature en Suisse, le commerce de la laine n’étant pas rentable dans mon pays : CHF 2 pour le producteur alors que la tonte coûte CHF 5.

Happy Me à Singapour

Au départ, j’avais prévu de passer mes vacances entre Noël et Nouvel-An au chalet mais, sur un coup de tête, je suis partie en week-end à Turin puis ai enchaîné 7 jours plus tard à Singapour.

Je n’ai parfois pas du tout envie de voyager comme par exemple en automne 2018 où j’ai effectué 12 (!) atterrissages et décollages à Genève, Amsterdam, Göteborg, Londres, Los Angeles, Frankfurt et Genève mais cette fois, j’étais heureuse de passer les fêtes de fin d’année sous d’autres cieux.

Pour cela, Singapour était une destination parfaite car, à part être une plateforme financière forte comme la Suisse, tout sépare cette ville-état de la Confédération Helvétique : le climat (31 degrés contre 3 degrés), la population (c’est fou comme l’être humain ressemble à une fourmi dans les mégalopoles asiatiques), l’architecture (la baie de Singapour est magique), la nourriture (j’avoue que le fromage m’a manqué), la végétation, bref, tout.

C’est la deuxième fois que je partais à Singapour qui est l’une de mes villes asiatiques préférées avec Hong-Kong et bien sûr Séoul, ma ville natale.

DES BOISSONS

On ne peut pas aller à Singapour sans siroter un Singapore Sling au Long Bar du Raffles Hôtel en rénovation, berceau de ce cocktail mythique créé en 1915 par le barman Ngiam Tong Boon et composé de Gin, Bénédictine, Cointreau, Cherry Heering, Angustura Bitters, Grenadine, jus d’ananas et citron vert ! J’aime l’ambiance coloniale du Long Bar avec son comptoir en teck, ses chaises en rotin, ses éventails au plafond et ses sacs en jute remplis de cacahuètes dont on jette nonchalamment les écorces par terre qui font scrouitch scrouitch quand on leur marche dessus.

Singapore Sling (c) photo : Internet.

Le Long Bar est malheureusement victime de son succès et des guides touristiques. Contrairement à la dernière fois, il a fallu faire la queue ce qui a tendance à me rebuter. J’ai aussi trouvé dommage qu’un minimum de tenue ne soit pas exigée à l’entrée : Sans être Mme Geneviève de Fontenay, je pense qu’une tenue de plage (shorts et débardeur, tongs en plastique et sac de randonnée) n’est pas adaptée à l’atmosphère élégante d’un palace. Cela tue la magie du moment. Un peu comme si je débarquais à une fête villageoise, ambiance saucissse, fondue et raclette, en robe de cocktail et escarpins de 12 cm.

N.B. : le Long Bar pratique des prix 5 étoiles, il faut compter S$ 32 / CHF 23,20 pour un Singapore Sling shaké à la main !

Long Bar, Raffles Hotel, 1 Beach Rd, Singapore 189673

Pendant mon voyage, j’ai aussi testé le Brown Sugar Boba Milk with Cheese Brûlée qui est une vraie bombe sucrée et calorique composée de lait entier crémeux, de perles de tapioca, de sucre brun caramélisé et de cheese foam, la dernière lubie en date à Singapour, Hong-Kong et Taïwan, qui est une espèce de crème chantilly à base de fromage salé, genre brie. Ne faites pas la grimace, on mange bien du caramel au beurre salé ! ;o) Personnellement, j’ai beaucoup aimé ! Le sucre brun m’a rappelé une saveur d’enfance en Corée que j’avais oubliée.

R&B Tea, The Shoppes at Marina Bay Sands, 10 Bayfront Ave, Singapore 018956

Congee au poulet et à l’oeuf de 100 ans. J’ai appris à apprécier l’oeuf de 100 ans à Nanjing en Chine. Le blanc coagulé est vert-noir translucide mais le goût reste globalement celui d’un oeuf

Autres boissons fraîches que je recommande : le jus de sucre de canne et l’eau de châtaigne (chestnut water) disponibles dans tous les Hawker Centres et la bière locale Tiger que je croyais thaïlandaise à tort.

N.B. : il est interdit de consommer de la nourriture ou des boissons dans les transports publics à Singapour sous peine d’une amende de S$500 à S$1000. Ça dissuade.

UN PRODUIT DE BEAUTÉ

Il y a de quoi faire pourtant comme shopping à Singapour

Je n’ai rien acheté à Singapour. Je suis allée chez Robinsons sur la célèbre avenue de luxe Orchard Road dans l’espoir d’y trouver mon agenda 2019 Smythson mais ils n’avaient que de la petite maroquinerie. Je n’ai pas acheté de produits de beauté non plus car j’avais tout ce qu’il me fallait comme cette huile pour le visage aux pépins de raisin que ma collègue J. confectionne en allant chercher elle-même les ingrédients nécessaires à la macération dans les vignes du Lavaux après les vendanges.

DES PLATS

Je n’ai pas cuisiné à Singapour. Je pense d’ailleurs que personne ne cuisine à Singapour tant les plats succulents et bon marché (entre S$3 et S$5 le plat) des Hawker Centres ou Food Courts sont imbattables et ne valent pas la peine de salir des casseroles.

On ne peut pas aller à Singapour sans dîner dans un Hawker Centre. Un Hawker Centre est un espace immense, genre entrepôt, bordé de petites échoppes proposant de la cuisine locale des trois communautés singapouriennes, c’est-à-dire malaise, chinoise et indienne, avec plein de tables et de chaises en son centre où l’on s’installe pour manger dans une ambiance populaire et sans chichis (là, on peut sortir les shorts et les tongs en plastique).

Qu’on ne s’y trompe pas, bon marché ne veut pas dire mauvaise qualité, bien au contraire ! Par exemple, le restaurant Hong Peng La Mian Xiao Long Bao (à vos souhaits) à Hong Lim Complex est mentionné dans le guide Michelin 2017 et 2018 !

Je n’ai jamais trop su le nom des plats que j’ai goûtés dans les Hawker Centres mais il est possible que j’ai pris du Fried Kway Teow, Hokkien Mee ou Bak Kuk Teh ou rien de tout cela sur les photos car je choisissais au pif selon l’envie du moment.

Hawkers Centres testés et approuvés à Singapour : Hong Lim Complex, Maxwell Road Hawker Centre, Tiong Baru Market Hawker Centre

UN OBJET EN MOINS

J’avais droit à 45 kg de bagage en Business Class avec Singapore Airlines et je suis partie avec seulement 9 kg de bagage, poids de ma valise Rimowa inclus. Au retour, elle en faisait 10 kg avec les bonbons Malang Cow (= vache molle en coréen) et les gâteaux Choco Pie que j’ai donnés à mon Frangin et qui sont donc mes objets en moins puisque je ne les ai plus ;o)

Je n’ai jamais été très sucreries ni bonbons. Je préfère le chocolat et les gâteaux :o)

Avec l’expérience, je sais de quoi j’ai besoin en voyage et n’emporte que le nécessaire avec moi.

N.B. : il faut prévoir une tenue par jour à Singapour en raison de la chaleur et de l’humidité tropicale, si possible en coton ou en fibres respirantes pour éviter les mauvaises odeurs de transpiration.

DES RESTAURANTS

Les Asiatiques adorent manger et Singapour ne fait pas exception à la règle ! En plus des Hawker Centres, j’ai profité de mes virées dans les différents quartiers de la ville pour commander ce qu’il y avait de plus typique.

Le temple hindou Sri Veeramakaliamman

À Little India, joli quartier plein de couleurs et d’odeurs, c’était pappadum (un délice, on dirait des chips !), curry végétarien, curry de poulet, fried chicken, garlic naan (je suis folle des galettes indiennes à l’ail) et lassi à la mangue. Les Hindous ne boivent pas d’alcool.

À Marina Bay, c’était international comme le quartier des affaires : j’ai eu un vrai dîner de Noël avec fruits de mer à gogo, dinde, jambon aux épices, du fromage dont un vacherin fribourgeois (!) et de la bûche de Noël au buffet du restaurant de l’hôtel Pan Pacific où j’ai séjourné. J’ai également déjeuné de ramen japonais, d’une salade européenne avec œuf poché et bacon et d’un chaï latte (bon, pas tout en même temps ni le même jour).

Bibbimyeon

À Chinatown, c’était chinois à Hong Lim Complex mais aussi coréen à Superstar K dans une rue qui aurait pu passer pour Little Korea à Singapour s’il y avait eu des magasins en plus. J’ai retrouvé avec plaisir le barbecue signature de mon pays d’origine servi avec le bibbimyeon 비빔면, une version pimentée du bulnaengmyeon, soupe froide de nouilles de sarrasin, que l’on déguste après avoir terminé la viande. Je raffole de cette soupe de nouilles !

DES DESSERTS

Je ne peux pas dire que les Asiatiques soient des champions en matière de desserts car ils n’ont pas l’habitude de finir les repas par une touche sucrée. Les rares gâteaux que j’ai goûtés à Singapour étaient plus beaux que bons comme les biscuits déposés sur ma table de nuit dans la chambre d’hôtel où le Rainbow Cake de DJ Bakery fait de génoises colorées et de crème au beurre plutôt bof. Mention spéciale toutefois pour le plus joli tiramisu de ma vie au Pan Pacific Hotel avec sa petite tête de chien trop mignonne au chocolat qui dépassait du verre !

Je voulais aller à 2am:dessert bar de Janice Wong mais l’adresse que j’avais à Chinatown était fermée. Tant pis, ce sera pour une prochaine fois.

DJ Bakery, 1 Esplanade Dr, Singapore 038981

DES MOMENTS

Gardens by the Bay

Il y en a eu tellement, par quoi commencer ? Pas de zoo, ni de jardin botanique ni de téléphérique cette fois mais une balade de nuit aux Gardens by the Bay avec ses mythiques arbres métalliques qui font penser à Avatar pour un spectacle sons et lumières, une virée en bateau sur la rivière Singapour (tout s’appelle Singapour à Singapour : la rivière, la ville, le pays, facile, pas de risque de se tromper ! ;o)), l’île de Sentosa et Universal Studios (j’aime l’attraction Transformers) qui est nettement plus petit que celui à Orlando en Floride, la visite du Red Dot Design Museum qui m’a laissée sur ma faim et les concerts gratuits le soir dans la baie de Singapour !

Le temple hindou Sri Mariamman
Buddha Tooth Relic Temple, soit le temple de la relique de la dent de Bouddha

Ce que j’apprécie le plus à Singapour, c’est la sécurité et la propreté obtenues, certes, à grands renforts d’amendes salées voire de prison et de coups de bâton (hum) mais on pourrait s’en inspirer chez nous pour ne rien jeter par terre et respecter le domaine et les infrastructures publics. Ne me dites pas que c’est impossible, si 5’888’926 habitants y arrivent à Singapour, pourquoi pas nous ?

La célèbre Orchard Road, l’avenue du luxe à Singapour
Universal Studios sur l’île de Sentosa
Red Dot Design Museum
ArtScience Museum

Happy Me à Turin

Bonne et heureuse année 2019 !

Après le bilan de l’année passée, certains consacreront leur première journée de l’année à prendre de bonnes résolutions ou à soigner leur foie malmené pendant les fêtes ou d’autres, comme moi, se diront qu’aujourd’hui est la continuité de hier et qu’il n’y a pas de raison de prendre des mesures radicales.

Mon souhait pour 2019 est de continuer à me concentrer sur l’instant présent, de pratiquer la gratitude et de cultiver ma joie au quotidien.

Pour y arriver, mon programme Happy Me se révèle être un excellent moyen. Comme je l’écrivais, je peux le faire partout : à Turin mais aussi à Singapour d’où je rédige cet article.

UNE BOISSON

Hasard de mes déplacements oblige, je ne connais Turin qu’en hiver et par temps froid. De la capitale piémontaise, je me rappelais avec nostalgie du chocolat chaud noir et très épais que je dégustais à la cuillère, comme une crème dessert, et ai retrouvé avec plaisir ma boisson favorite à la Pasticceria Tamborini, un établissement ravissant et élégant où il fait bon se poser pour boire un café, un thé ou un chocolat avec une assiette de crème chantilly, voire une bière pour un aperitivo composé de petites bouchées salées pour ouvrir l’appétit.

Lors de ce week-end, j’ai également découvert le Bicerin servi dans un verre et préparé avec un expresso, du chocolat chaud, de la liqueur de gianduiotto et de la crème dans un bar dont j’ai oublié le nom.

Pasticceria Tamborini, Via Giuseppe Garibaldi 31, 10122 Torino, Italie

UN PRODUIT DE BEAUTÉ

Je remplace mes produits de soin ou de beauté que lorsqu’ils sont terminés. En évitant de les stocker, je gagne de la place et je ne me soucie plus de leur date de péremption. Je ne ramène pas non plus de « souvenirs » de mes voyages : porte-clés, bibelots, magnets, etc., et préfère acheter des objets d’usage quotidien de marques locales qui me rappellent leur pays d’origine tout en m’étant utiles. Cette poudre compacte 100 translucent des cosmétiques italiens Wycon permet d’unifier le teint et de donner un aspect soyeux à la peau. Comme elle est transparente, elle convient aussi à toutes les carnations. Pratique et bon marché.

Wycon, Via Giuseppe Garibaldi 20, 10122 Torino, Italie

UNE RECETTE

Ce n’est pas à Turin mais à la maison que j’ai cuisiné du papet vaudois et une saucisse aux choux IGP, un plat du terroir très roots, avec le Thermomix, un des achats les plus intelligents de ma vie que je vous présenterai plus en détail dans un prochain article sur mon blog. Avant, il ne me serait jamais venu à l’idée de me préparer un repas complet chaud pour moi toute seule et je me serais contentée de grignoter un paquet de chips devant la TV, mais ça, c’était avant.

J’ai épluché avec plaisir quelques pommes de terre, découpé les poireaux avant de les mettre avec la saucisse aux choux dans mon Mimix, tourné 3 boutons puis suis partie regarder le meilleur repas de Noël sur M6. 35 minutes plus tard, un « ding » retentissait dans la cuisine pour me signaler que mon papet vaudois était prêt ! C’est magique !

UN OBJET EN MOINS

Dans ma trousse de toilette à Turin, j’ai découvert une vingtaine d’élastiques noirs à cheveux que j’avais achetés chez NK, Notdiska Kompaniet, à Göteborg en Suède, pressée de me défaire de l’élastique de bureau que j’utilisais par défaut et qui m’arrachait les cheveux. Le minimalisme me dirait de ne garder qu’un élastique et de me débarrasser des autres et Béa Johnson, plus radicale, me conseillerait de tous les jeter pour ramasser ceux qui sont tombés dans la rue mais : 1. Je n’ai pas trouvé d’élastique par terre pendant ma semaine à Göteborg ; 2. C’est ridicule de ne garder qu’un seul élastique sachant que j’en aurais toujours besoin pour attacher mes cheveux longs. Le jour où j’aurais les cheveux courts, je n’en aurais plus, promis !

En attendant, je n’ai pas besoin de voyager avec autant d’élastiques dans ma trousse de toilette et vais les ranger, pardon, les installer dans le petit cocon douillet qui leur est dédié, comme préconisé par Marie Kondo ;o)

UN RESTAURANT

J’aime les animaux et je les mange aussi. Je ne ressens pas de culpabilité parce que je sais que je serais capable de les tuer si je n’avais pas le choix et si ma survie était en jeu. C’est facile d’élaborer des théories antispécistes dans nos sociétés d’abondance où personne ne meurt de faim. Si certains ont survécu en mangeant des vers de terre ou des morceaux de cadavre (cf. vol 571 dans la Cordillière des Andes), j’en ferais probablement de même dans des conditions extrêmes… ou pas et je me laisserais mourir, je n’en sais rien. Je ne suis pas meilleure ni au-dessus des autres.

Cette entrée en matière n’est pas très joyeuse mais la suite non plus, âmes sensibles s’abstenir. Les amis m’ont amenée dans l’antre du diable à Turin avec son décor d’Halloween toute l’année (pentacle au sol, portraits macabres, joyeux squelettes pendus avec leur bonnet de Noël pour les fêtes ou couchés dans leur cercueil à chaque table, oh, trop mimi, on dirait des vrais) pour déguster une excellente viande d’Angus d’Argentine et de Black Angus des USA avec de délicieuses pommes de terre au four richement couvertes de gorgonzola.

Je me suis concentrée sur mon assiette pour oublier l’ambiance morbide de ce steakhouse de l’horreur mais les serveuses souriantes et sympathiques ont vite égayé l’atmosphère en apportant une touche décalée bienvenue. Je n’ai toutefois pas osé me rendre aux toilettes où un spectre se manifeste, paraît-il, dans le miroir au-dessus du lavabo. Courageuse mais pas téméraire ;o)

Un autre restaurant testé pendant cette escapade italienne a été le Tre Galli, dont la cuisine pourtant fraîche avec de très bons produits locaux aurait pu mériter le détour si elle n’avait pas été aussi fade. Quant au service, il était brouillon voire carrément désagréable, surtout par une serveuse à qui je conseillerais de changer de métier : ça ne se fait pas de jeter les menus sur la table et de renverser du vin sur un convive, même si l’on peut excuser la maladresse. Je ne m’appesantirai pas non plus sur l’assiette de fromages insipides qui était à elle seule une insulte à toute la culture gastronomique du pays riche en mozzarella, parmigiano, pecorino, mascarpone, gorgonzola, provolone, taleggio pour ne citer que les plus connus !

La casa del demone, Via San Domenico 3 / B, 10122 Torino, Italie

UN DESSERT

Pas de dessert italien mais un sublime gâteau italien de Noël, le Pandoro au cœur moelleux dépourvu de toute garniture et saupoudré de sucre glace que je préfère au Panettone classique. Mes collègues aussi puisqu’ils ont délaissé le Panettone industriel que nous avions reçu pour se jeter sur mon Pandoro de Turin jusqu’à la dernière part, même sèche !

Pasticceria Tamborini, Via Giuseppe Garibaldi 31. 10122 Torino, Italie

UN MOMENT

Okay, ma vie semble être faite d’hôtels 5 étoiles, de voyages en Business Class et d’amusements. J’ai une chance folle d’expérimenter tout cela, j’en suis consciente mais ce serait mal me connaître de penser que tout ceci ME définit et que je ne peux pas vivre autrement. Bien sûr, je chercherais toujours à rendre les choses un peu plus esthétiques qu’elles ne le sont mais j’éprouve autant de plaisir à discuter de l’élevage de porcs avec un agriculteur de Cugy que de me déguiser pour une soirée sur le thème des années folles au Beau-Rivage Palace de Lausanne où j’ai été invitée à une réception éblouissante.

J’ai aussi été très gâtée à Noël. Parmi mes cadeaux se trouvaient cette montre Omega Seamaster Planet Ocean blanche comme la neige en édition limitée mais aussi un rendez-vous avec ma tante où je n’ai rien reçu de matériel mais pendant lequel j’ai eu le plaisir de partager un repas et une discussion avec elle.

Dîner à bord du Queen Mary

RMS Queen Mary
1126 Queens Hwy | Long Beach | CA 90802 | Etats-Unis d’Amérique

**** (*)

Dans l’ensemble, je me dis que j’ai la chance d’exercer un métier extraordinaire. Il y a des jours sans, bien entendu, et des tâches à régler qui me plaisent moins que d’autres, mais j’aime mon travail qui m’amène aux quatre coins du monde dans des lieux que je n’aurais pas imaginés.

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Prenons par exemple le RMS Queen Mary amarré à Long Beach à Los Angeles sur lequel j’ai été dîner il y a trois semaines. Comment aurais-je pu me douter que j’arpenterais un jour les couloirs de ce sublime paquebot transatlantique construit en septembre 1934 dans un chantier naval écossais ?

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En montant à bord, j’avais les images du film Titanic de James Cameron en tête et je me suis retrouvée projetée presque un siècle en arrière en découvrant les boiseries somptueuses, les parquets craquants et les salons d’origine de ce navire de légende. Je me suis vue, petite fille, m’amuser avec les poupées et leur garde-robe digne de Princesse Sara ou encore, jeune femme, amoureuse de Jack Dawson tant qu’à faire, courant dans les couloirs pour le rejoindre, vêtue d’une robe de satin cramoisie et de dentelle noire, les cheveux maintenus en chignon avec des perles.

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J’ai regretté ce temps que les moins de 80 ans ne peuvent pas connaître ;o) où la mode n’était pas au minimalisme ni aux vêtements unisexes, où l’on changeait de tenues en fonction des événements de la journée, où l’on ne concevait pas de sortir dîner sans longs gants blancs et où les femmes portaient des chapeaux larges et encombrants ornés de plumes, de fleurs ou de fruits, du moins pour les plus fortunées.

Dans la salle à manger de première classe au plafond immense, on nous a servi un menu d’inspiration européenne, simple et goûteux, avec une salade fraîcheur en entrée, un filet de bar en plat principal et un gâteau au chocolat en dessert que je n’ai pas réussi à finir (à part la Forêt Noire et le truffé au chocolat, je ne suis pas fan des gâteaux au chocolat).

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En fan absolue de Petite Princesse de Frances H. Burnett, je suis restée de longues minutes à contempler ces jouets : « Puis, elle (Sara) se tourna vers le plus gros carton, et souleva la Dernière Poupée. Un murmure parcourut l’assistance enchantée. (Sara propose d’ouvrir la malle de la poupée) : Elle s’assit par terre, et les fillettes l’entourèrent bruyamment pour apercevoir des cols de dentelle, des bas de soie, des mouchoirs ; dans un coffret à bijoux reposaient un collier et un diadème ornés de pierres ressemblant fort à des diamants ; il y avait des robes de bal, des toilettes pour aller se promener, des tenues de ville, des manteaux, des manchons et des chapeaux et même des éventails. Lavinia et Jessie en oublièrent qu’elles étaient censées avoir passé l’âge de s’intéresser aux poupées. »

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Je n’ai pas eu besoin de m’inscrire à la visite du bateau à minuit pour entrer en contact avec les fantômes qui hantent le navire – la petite Jackie qui squatterait une des piscines du pont inférieur telle Mimie Geignarde dans Harry Potter ou les âmes des 239 hommes d’équipage du croiseur HMS Curacoa, percuté accidentellement par le Queen Mary qui ne s’est pas arrêté pour les sauver pendant la 2ème guerre mondiale afin d’éviter d’être coulé à son tour par les sous-marins allemands – car chaque espace est imprégné de l’esprit des occupants d’antan, visiteurs ou soldats.

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Scorpion Submarine, un authentique sous-marin russe de la Guerre Froide que l’on peut également visiter.

J’ai longtemps rêvé de traverser l’Atlantique Nord à bord du Queen Mary 2 pour débarquer à New York 5 ou 6 jours plus tard, mais je crains qu’il n’ait pas le charme indéfinissable de son prédécesseur malgré ses cinq piscines, ses restaurants (une vingtaine en tout !), sa salle de bal, son théâtre, son casino, sa discothèque, son cinéma et tout ce que l’on peut concevoir en termes d’infrastructures modernes. Il y a certaines choses que l’argent ne peut pas acheter.

(c) photos 1, 2, 4-6 : Internet.

Voyager léger

L’avantage de voyager beaucoup, c’est que je sais exactement de quoi j’ai besoin et je ne suis plus du genre à m’encombrer de choses inutiles quand je pars à l’étranger. Je ne tiens plus de listes interminables de trousse de pharmacie, de tongs pour la plage, de souliers pour la ville, d’escarpins pour les restaurants, de bottes de pluie, de vêtements pour ci, de vêtements pour ça et surtout d’objets au cas où j’aurais oublié de les prendre avec moi !

Je ne sais pas d’où vient cette peur de manquer. Il n’y a pas un seul endroit où je suis allée dans le monde qui n’ait pas de boutiques ni de supermarchés ! Autant je comprends que pour un aventurier comme Mike Horn, chaque objet compte car sa survie est en jeu, autant pour une personne comme moi, ce n’est pas la catastrophe si j’ai laissé mon dentifrice ou ma lime à ongles à la maison. Je ne parle évidemment pas des chefs de famille qui doivent penser à tout ou des personnes qui ont un budget de voyage limité et pour qui chaque sou compte.

Toutes mes affaires pour deux semaines de vacances tiennent dans un sac banane que je prends en cabine avec moi et une valise Rimowa de 10-12 kg maximum au lieu des 20 kg autorisés en classe economy ou des 35 kg autorisés en classe business. Dans ma valise, il y a :

  • Une grande pochette avec mes vêtements choisis en fonction de la météo au lieu de destination. Comme je suis plutôt classique dans les formes et les couleurs, je ne me pose pas de questions si mes habits sont coordonnés ou pas.
  • Une pochette avec mes sous-vêtements et un maillot de bain (toujours pratique d’avoir un maillot de bain).
  • Une pochette avec des souliers fermés et une paire de tongs.
  • Un filet pour le linge sale.
  • Une trousse de toilette.
  • Une trousse de maquillage.
  • Une trousse d’objets « utiles » : iPad pour les jeux et la lecture, câbles et chargeurs pour les appareils électriques, adaptateur si le voltage n’est pas le même qu’en Suisse (USA et Japon entre autres).

En règle générale, je vis de la même manière à l’étranger qu’en Suisse et je ne vois pas pourquoi j’arpenterais les rues de Paris ou de New York avec un sac à dos, un K-way et des chaussures de randonnée… Il est certain que chacun fait ce qu’il veut : mon Frangin ne se sépare jamais de sa ceinture noire et de son vieux sac de taekwnondo par exemple.

J’ai vu passer sur Facebook une page de conseils aux voyageurs qui m’a beaucoup amusée. On y recommandait de prendre, entre autres, un mousqueton, utile pour accrocher ses emplettes à son sac pour se libérer les mains (vous faites ça chez vous ?), des petits cadeaux comme des bonbons, des porte-clés et les fameux crayons/stylos (s’il faut faire un cadeau, autant l’acheter sur place, non ?), une serviette en microfibre (pourquoi ? pour faire le ménage ?), une paire de pantoufles (à part loger chez l’habitant et encore, je ne vois pas à quoi ça sert), un petit tube de lessive (au cas où on traverserait le désert saharien sans doute mais dans ce cas, il n’y aura pas d’eau non plus), un réveil (pas besoin, le téléphone portable suffit), un dictionnaire (l’anglais est parlé pratiquement partout ainsi que le langage des signes), un guide de voyage (je n’aime pas les guides de voyage, je préfère découvrir un endroit par moi-même) et un pèse-valise (pas besoin dans mon cas car je dépasse rarement les 12 kg).

Okay, Koyangi, c’est ta vision des choses mais tu fais quoi si ta valise n’arrive pas à destination, toi et ta banane rikiki ?

Il m’est arrivé trois fois de débarquer dans un pays sans ma valise. En général, je ne m’en formalise pas car je trouve pratique qu’on me la livre directement dans ma chambre d’hôtel. Ce fut le cas dernièrement en Corée du Sud où ma valise a été acheminée deux jours après mon arrivée à Séoul dans la ville de Gyeongju. Pendant 48 heures, je me suis donc débrouillée avec le contenu de ma banane :

  • Mon passeport
  • Une carte de crédit (j’ai rarement du cash sur moi quand je pars à l’étranger)
  • Mon téléphone portable et son chargeur USB
  • Mes lunettes de vue Moscot
  • Un paquet de mouchoirs
  • Une brosse à dents pliable et un mini tube de dentifrice
  • Un paquet de chewing-gums
  • La clé de l’appartement en Suisse
  • Un peu de sel censé me porter chance pendant le voyage ;o)

Malgré les apparences, j’avais tout ce qu’il me fallait : de quoi retirer de l’argent, me laver les dents et charger mon portable pour téléphoner et faire des photos. Alors, oui, je ne me suis pas maquillée pendant 2 jours (est-ce si important ?) mais j’étais propre grâce au savon, gel douche, shampooing et lait hydratant fournis par l’hôtel. J’avais également de quoi acheter de la nourriture et des habits en attendant.

Pourquoi se compliquer la vie ? Je me le demande parfois.

GGAXE4351
Mon « bagage » à mon arrivée à l’aéroport d’Incheon de Séoul :o)

FATOE8702
Dans le KTX, train à grande vitesse en Corée. En première classe, on reçoit un kit avec une lingette, un cookie et des fruits secs.