
Il y a trois semaines, je racontais à maman au téléphone combien j’étais heureuse de passer une nuit chez ma chère Coco and Co à Lyon. Je l’ai sentie plus distante que d’habitude, plus fatiguée aussi, mais j’étais loin de me douter qu’elle allait s’éteindre deux téléphones et une dernière conversation plus tard.
Trois semaines, c’est comme si c’était hier.
Trois semaines, c’est aussi 21 jours où je me sens détachée de tout, où j’ai l’impression de suivre le mouvement et de parer au plus pressé parce qu’il le faut, où je vivote et me regarde fonctionner en spectatrice, sans être présente ni impliquée dans mes activités quotidiennes. Comme anesthésiée.
Beaucoup me disent à quel point je suis courageuse ; au travail, on me remercie d’avoir repris mes fonctions aussi vite alors que j’aurais pu m’absenter pendant mes trois jours de congé officiel en cas de décès, mais je ne fais preuve ni de force de caractère ni de professionnalisme. Je suis juste incapable de m’effondrer en public.
Je pleure partout mais seule. Dans ma voiture, sous la douche, dans l’ascenseur, sous la pluie qui a l’avantage de dissimuler les larmes, dans la rue quand je marche pour partir ou rentrer à la maison… Je n’ai pas honte de mon chagrin mais je le garde pour moi.
Puis, je souris parce que je me rappelle maman qui aurait qualifié mes larmes « de crocodile » et m’aurait traitée de « tocalette* » à coup sûr ;o)
J’apprends également plein de choses comme l’organisation des funérailles (je m’étais occupée de celles de papa pour soulager maman, je savais donc quoi faire pour elle) ; le vrai prix des objets et de ce qui est recherché sur le marché : les peintures de paysages du XIXème siècle et des siècles précédents ou, pour les artistes contemporains, correspondant à un mouvement précis en Art, les meubles en bois précieux (acajou, ébène…), la haute horlogerie (Patek Philippe, IWC, Blancpain… Omega et Tissot n’ont quasi aucune valeur), la haute joaillerie, les grandes marques intemporelles du luxe (Hermès), les appareils de photo mythiques (Leica et Hasselblad. Inutile d’investir dans du Canon ou du Nikon qui se déprécient d’année en année), les lustres je-ne-sais-plus-quoi que les parents ont à la maison ; la gestion du courrier administratif pour régler les questions de succession, etc.
Je passe de chouettes moments aussi. Avec mon Frangin pendant nos nuits de tri chez nos parents quand on rigole en tombant sur un objet bizarroïde (papa était un intellectuel et un scientifique et possédait des instruments de mesure dont on ignore la fonction) et avec ma tante, nouvelle dépositaire de la mémoire familiale, lorsque l’on découvre de vieilles photos d’enfance de maman ou les lettres d’amour de papa que nous lirons ensemble calmement à l’occasion d’un goûter, une fois que tous les biens seront liquidés.
J’ai aussi très envie de revoir ma famille et mes amis. Certains rendez-vous sont fixés avec des cousines, d’autres sont à organiser comme, par exemple, une journée au chalet en Valais avec nos proches quand il fera beau, afin de dire au revoir à l’habitation construite par grand-papa Louis avant sa transformation/rénovation (nouveau projet). J’ai également à cœur d’inviter Lui, mon Frangin, ma tante et la Puce, si elle en a envie, à un déjeuner au restaurant du Royal-Savoy, le nouveau 5 étoiles de Lausanne, pour tenir la promesse que j’avais faite à maman de l’y emmener dès qu’elle serait sortie de l’hôpital…
Ensuite, il y aura plein de voyages, de plaisirs, de gourmandises, de caprices fantaisistes, de fêtes à célébrer, de tricots inachevés et de vie qui continue !
Je vous remercie tous et toutes du fond de mon coeur pour vos messages de soutien et vous informe que je vais bien ❤
*Tocalette : forme gentille du mot « toque » en patois valaisan pour dire d’une fille qu’elle est bête/nunuche.
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