
Dans le dernier Matin Dimanche, journal dominical de Suisse Romande, j’ai lu avec beaucoup d’intérêt un article consacré à Fumio Sasaki, un Japonais auteur de Goodbye Things, un énième livre sur le minimalisme.
Comme pour la méthode de Marie Kondo, j’ai résisté à la tentation de me ruer dans la première bibliothèque venue pour l’acheter (vous ai-je dit que je me suis débarrassée de tous mes Dominique Loreau à part un ou deux ?) au profit de quelques recherches sur Internet. Dès qu’on parle de minimalisme, je me doute bien que je vais trouver des conseils pour vivre avec un minimum d’objets, la fameuse liste « d’un caleçon, trois paires de chaussettes et deux T-shirts » et un environnement dépouillé et toujours blanc. Je caricature mais une fois de plus, je ne me suis pas trompée au vu des articles de presse et des photos de l’intérieur de M. Sasaki et de ses amis qui proclament tous combien ils sont plus heureux depuis qu’ils pratiquent l’art du vide. Comme si les soirées chips, bière et saucisson affalé sur le sofa devant GoT, c’était mal.





J’ai toujours beaucoup de plaisir à découvrir ces modes de vie monacales mais je m’interroge sur la réalité de leur application sur le terrain. Je ne peux pas croire que les enfants de Bea Johnson ne réclament pas du Coca, une PS4, un paquet d’Oreo et des Pokémon Go comme leurs copains ou alors ils sont brimés des mutants ; je me demande comment s’habille Fumio Sasaki en hiver quand les températures polaires s’abattent sur le Japon s’il n’a que « quatre T-shirts, quatre paires de chaussettes, trois chemises et cinq paires de chaussures » (j’espère pour lui qu’il a une veste chaude, un bonnet, une écharpe et des gants) ; je doute que tous ces gourous du « less is more » suivent leurs préceptes à la lettre sans jamais craquer, une fois l’exposition médiatique retombée et quand ils se retrouvent seuls derrière leurs murs nus qui ressemblent à une maison témoin au mieux ou à une cellule de prison au pire. Le savoir me rassurerait sur leur nature humaine, à savoir faillible, qui est plus intéressante pour moi que la perfection.
Puis, pourquoi ce blanc uniforme constant ? On ne peut pas être minimaliste et choisir une blouse à volants, porter des escarpins roses, prendre ses repas dans une unique assiette verte et lire à la lumière d’une lampe dorée ?
Urban Nomad Kit du designer mexicain Gerardo Osio. Ce kit est le genre d’achat que j’aurais fait spontanément à l’époque en me disant : « Il me le faut et tout de suite » ! C’est très beau mais il est rare que je débarque à un endroit où je n’ai pas de lit et j’aurais préféré une couverture ou un sac de couchage au lieu d’un tapis. Autant dormir au chaud sur un sol dur plutôt que de dormir sur un sol dur en ayant froid, non ? Par ailleurs, rien n’empêche de se préparer un paquetage identique et personnalisé si l’on en a envie !
J’étais minimaliste bien avant que cela ne devienne une mode, pour preuve j’ai débarqué chez lui avec mon chat Kimchi sous le bras, une valise de vêtements, un bureau dont je ne veux plus car trop massif et une chaise de designer alors que j’ai vécu longtemps seule dans un appartement vide de 2,5 pièces plus cuisine et salle de bain. Je n’étais pas heureuse pour autant, bien au contraire, et il me manquait ce que Lui m’a appris à aimer : le confort ! Quel bonheur de rêvasser dans un canapé large et profond, de dormir sur un matelas épais de Palace, de m’emmitoufler dans un gros plaid en laine quand il fait froid, de boire un Moscow Mule dans une tasse en cuivre et du champagne dans une flûte en cristal !
Je me réjouis pour tous ces auteurs minimalistes d’avoir trouvé leur voie qui n’est pas la mienne. Je n’aurais jamais « beaucoup » d’affaires (quoique… Tout est relatif, par rapport à quoi et à qui ?) comme je vous l’ai montré ici. Je ne suis pas attachée aux objets à part quelques-uns dont la bague de maman et ne crains pas de tout perdre pour recommencer à zéro – ça me plairait presque, c’est un scénario auquel je réfléchis souvent – mais j’ai du mal avec les discours et les comportements extrêmes. J’aime expérimenter, tâtonner, tourner en rond, me tromper beaucoup, revenir sur mes convictions et suis parfaitement incapable de suivre une ligne de conduite. Au final, le summum du minimalisme ne serait-il pas d’arrêter de donner de l’importance à ce qu’on a (ou pas) ?
(c) All photos: Internet.
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