Hocho Wagokoro Petty
Aritsugu, Kyoto
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Ce qu’il y a de bien avec les larges métropoles comme Tokyo, c’est que tout le monde peut trouver son bonheur en matière de shopping tellement l’offre est titanesque ! Alors que certains rentrent du Japon avec des lunettes chauffantes pour les WC, poke Silent Joy ;o), des tenugui (fines serviettes à tout faire japonaises), des boîtes bento, des figurines Hello Kitty, Totoro et Sailor Moon, des mangas, des coques pour smartphones et autres gadgets trop kawaii chez Tokyu Hands, des sabres, des yukatas et des kimonos, de l’électronique dernier cri, etc., de la vaisselle et des services à thé, ma valise était presque aussi vide à l’aller (10 kg au lieu des 46 kg autorisés en Business Class) qu’au retour.

La faute à Voltaire ma décision de m’en tenir à « un achat par semaine » qui m’empêche tout achat spontané : En ai-je besoin ? Est-ce que ça me correspond vraiment ? Est-ce que je l’aime de tout mon cœur (si oui, est-ce que je vais m’en lasser rapidement) ? Est-ce de bonne qualité ?

Parfois, je me plante et c’est normal ! Mes goûts évoluent avec l’âge et je tâtonne beaucoup. Il y a aussi des expériences de la vie qui m’amènent à reconsidérer certains de mes critères : A quoi ça sert de dépenser une fortune pour des bijoux de pacotille ou une robe griffée alors qu’ils sont vite démodés, n’ont aucune valeur réelle et que mon désir de les obtenir est influencé par une campagne marketing agressive ou pire, par l’envie de paraître ? Ceci est une leçon posthume que j’ai apprise de mes parents qui investissaient dans autre chose que du vent et que j’essaie de mettre en application même si « j’ai toujours eu des goûts de luxe » comme me le reprochait maman.
Je me suis donc envolée pour le Japon avec une micro liste de choses à ramener que j’avais pris soin de bien documenter : qui, quoi, combien, où, etc. Dans cette liste, figurait un couteau de cuisine Santoku forgé à la main par la maison Aritsugu à Kyoto, une coutellerie parmi les meilleures du Japon qui fabriquait les sabres des samouraïs en 1560 déjà.

J’aurais pu acheter mon couteau Aritsugu au marché de Tsukiji à Tokyo mais j’ai préféré être dans la seule et unique boutique située dans le marché Nishiki à Kyoto pour choisir non pas un Santoku comme je l’avais prévu mais un Wagokoro Petty qui correspondait mieux à ma main et à l’usage que je voulais en faire. C’est important de « sentir » un objet et la vendeuse qui me conseillait en anglais et en français était top !

Ce couteau, qui est un cadeau d’anniversaire, a son prix qu’il faut régler sur place en espèces, les cartes de crédit n’étant pas acceptées. Ce n’est pas non plus n’importe quel couteau mais un magnifique instrument qu’il convient de bichonner en l’affûtant à la main une fois par mois en moyenne sur une pierre à aiguiser et en essuyant sa lame en fer, susceptible de rouiller, après chaque découpe quand on cuisine. Un entretien fastidieux mais qui en vaut la peine tant la coupe est nette et d’une précision chirurgicale.
Mon beau couteau s’appellerio Hocho* et je l’ai utilisé pour couper de la laitue et préparer du « tartare de tomate au basilic » de Dominique Loreau, du Dakgangjeong, une recette coréenne de poulet et de la saltimbocca alla romana. Je crois que grâce à lui, je vais enfin trouver l’envie de me mettre à la cuisine.
*Couteau en japonais. Pour mes lecteurs qui se souviendraient de mes couteaux suisses Wenger, sachez que je les garde très précieusement. Hocho nécessitant des soins particuliers, Grand Wenger et Petit Wenger me sont très utiles quand je n’ai pas envie de passer trop de temps en cuisine pour préparer un plat.