Traverser les événements avec détachement

Comme tout le monde, j’ai été choquée par l’annonce brutale de la guerre en Ukraine et des conséquences atroces sur la population civile, source d’angoisse pour beaucoup de monde dont le moral a déjà été mis à rude épreuve pendant les deux ans de pandémie que nous avons vécue et qui n’est pas encore terminée. Ici, nous n’avons pas affaire à l’imprévisible comme une chute de météorite, un tremblement de terre, l’invasion des extra-terrestres, l’éruption d’un volcan ou un tsunami mais à un conflit créé par l’homme et qui peut donc s’arrêter demain si on le veut tous bien.

Je pense que ceux qui n’ont pas subi la guerre ni même la menace de la guerre froide qui a vu la chute des régimes communistes en Europe en 1989 et la dislocation de l’URSS en 1991 n’ont pas la moindre idée de l’horreur que cela représente de risquer sa vie et de fuir sous les bombes mais ce n’est pas pour autant qu’il faut minimiser l’impact sur les « victimes collatérales » que nous sommes, la peur et la souffrance n’étant ni quantifiables ni comparables.

J’ai commencé par m’affoler en lisant les journaux et en écoutant les experts s’exprimer à la télévision puis, je me suis calmée en me disant que je percevais la guerre en Ukraine différemment de celle en Syrie ou au Soudan du Sud en raison de sa proximité géographique et de l’impact potentiel sur ma propre vie et je m’en suis voulue parce que la situation des personnes attaquées est ignoble partout ! Je me suis dit aussi que réagir sous l’emprise de l’émotion n’était jamais une bonne idée et j’ai fini par considérer les événements avec du recul et un œil objectif.

Sachant que je suis impuissante à résoudre quoique ce soit dans la pandémie (je ne suis ni virologue ni médecin) et dans la guerre (je ne suis ni militaire ni stratège en géopolitique), j’ai pris de la distance avec les médias, les finances, la politique et les opinions des uns et des autres pour me concentrer comme d’habitude sur le ici et maintenant.

Ici et maintenant, le soleil brille, je profite de la liberté retrouvée et sors beaucoup puisque les mesures anti Covid-19 mis en place par la Confédération Helvétique ont toutes été abandonnées sauf le masque dans les transports publics jusqu’à fin mars. Les jours s’allongent et la température se réchauffe, nous allons vers le printemps. Je me balade en ville et au bord du lac et je compte bientôt cueillir des herbes sauvages dans la nature pour agrémenter mes repas avec de la dent de lion (pissenlit en vf), de l’oseille sauvage, des orties, de l’ail des ours, etc.

Ici et maintenant, je travaille depuis chez moi avec une sécurité de l’emploi jusqu’en 2032 au moins sauf si le monde part en cacahuète, mes placards de cuisine et mon réfrigérateur sont vides mais je ne stresse pas parce que les supermarchés regorgent de victuailles et de biens de première nécessité. Je continue à manger mes fruits et mes légumes, je cuisine quand j’en ai envie, vais au restaurant de temps en temps et me réjouis de préparer bientôt des bentos et des pique-niques pour les manger dans les bois.

Ici et maintenant, je me sens aimée et protégée. J’ai deux toits sur la tête, je ne risque pas l’expulsion puisque je suis propriétaire, je ne manque de rien et n’ai pas de dettes, je vis dans le bien-être et le confort. Les chats sont en parfaite santé, jouent et font le nécessaire pour se reproduire, je tricote en regardant mes émissions préférées à la TV (Top Chef, Vikings, Netflix), écoute des podcasts avant de m’endormir, prends soin de mes orchidées, réfléchis sur l’agencement de ma salle de bain et l’organisation des espaces de rangement.

Ici et maintenant, je me dis que j’ai la chance de mener une vie aussi belle ! Je veux rester positive et confiante dans l’avenir. L’humanité a traversé tant de tragédies et de catastrophes au fil des siècles malgré son extrême fragilité, je crois dans le génie humain qui a toujours su rebondir.

Ici et maintenant, je laisse à d’autres le soin d’écrire l’Histoire avec un grand H. De mon côté, je suis heureuse de figurer parmi ces milliards d’anonymes qui ne laisseront aucune trace de leur passage sur terre et vais tout faire pour le rester.

Ici et maintenant, je me dis que cela ne sert à rien de craindre le pire. Je ferai avec.

Cuisiner des plats du terroir

Quand j’ai étudié l’Histoire avec un grand H, celle d’Aménophis IV, de Charles Quint, d’Otton 1er mais aussi des Seldjoukides, mais oui, vous savez les membres de cette tribu d’origine turque de la branche des Oghouz qui a émigré du Turkestan vers le Proche-Orient au milieu du Xie siècle jusqu’à la fin du XIIIe siècle (je ne fais pas ma pédante, si je sais ça, c’est que j’ai tiré au sort le sujet sur les Croisades à l’examen d’histoire de maturité fédérale, sorte de BAC suisse, et l’expert qui m’interrogeait avait tiqué quand j’avais parlé des « Turcs Seldjoukides ». Il m’avait demandé de préciser ce point, ce que j’avais trouvé gonflé sachant qu’on avait dû réviser toute l’histoire de l’humanité depuis le Paléolithique, que c’était déjà assez compliqué comme ça de me rappeler les dates principales et les faits marquants des Croisades sans avoir à détailler les origines ethniques ni les arbres généalogiques de tous les acteurs en présence ! J’ai dû lui donner une réponse satisfaisante car j’ai obtenu un 6/6 :o)), je me suis demandé comment les gens de la vie de tous les jours, soit tous ces anonymes qui n’ont laissé aucune trace de leur passage dans les manuels ni sur Wikipedia, traversaient les périodes ravagées par les guerres, les disettes et les pandémies mondiales comme la peste noire, la suette anglaise, le choléra, la variole, le typhus, la grippe espagnole et la Covid-19.

Maintenant, je sais et je dois dire que cela ne se passe pas trop mal pour moi parce que j’ai la chance de capter la 5G de n’avoir pas encore perdu de proches à cause de ce f**tu virus de mes deux. Je croise les doigts.

Lors du Grand Confinement de 2020, pire récession économique depuis la Grande Dépression de 1929, ma copine et Moi avons commencé à cuisiner ensemble des plats du terroir. D’abord pour des raisons pratiques parce qu’il est difficile de s’envoyer une pleine marmite de choucroute tout seul, ensuite parce que les établissements étant fermés et les rassemblements limités, c’était une manière pour nous de créer un minimum de lien social.

Cette fin de semaine, nous avons préparé un papet vaudois et une tarte au nillon ou nion et pommes caramélisées que l’on prononce « ni-hon » et pas « gnion » comme moi, deux spécialités du Canton de Vaud. Vous trouverez facilement la recette du papet vaudois sur Internet ainsi que celle de la tarte au nillon de noix et pommes caramélisées du Chef doublement étoilé Stéphane Décotterd du Pont de Brent, que l’on prononce « Brun » pas « Brent » comme cela s’écrit (décidément, le vaudois oral, c’est compliqué ;o)).

Trouver des oignons, des pommes de terre et des poireaux que ma copine Madame prononce « porreaux » en cette saison n’est pas difficile, ça l’est un peu plus pour les saucisses aux choux et le nillon qui est du tourteau de noix en français de France. C’est à la Foire de Brent « Brun » que j’ai découvert un bloc de nillon « ni-hon », une spécialité de Suisse Romande issue du pressage des noix, que l’on peut croquer tel quel si l’on a des bonnes dents ou utiliser sous forme de poudre en pâtisserie dans des gâteaux ou en crumble.

Pour la tarte, j’ai réalisé pour la première fois une pâte sucrée qui était tellement simple à préparer au Thermomix que je me suis dit que je n’achèterai plus jamais de pâte à tarte de ma vie. La seule variante que j’ai apportée à la recette du Chef Décotterd est que j’ai remplacé le sel par de la fleur de sel de Madagascar. La tarte n’est donc pas totalement IGP, comme une des saucisses aux choux qui venait de l’excellente boucherie Blanc à Châtel-Saint-Denis dans le Canton de Fribourg contrairement à celle de la boucherie Suter que j’ai trouvée dans l’épicerie Minestrone à Montreux.

« Alors, ça goûte quoi ? » me demanderaient les Canadiens et les Belges francophones.

Le papet vaudois goûte la pomme de terre écrasée et le poireau « porreau » cuits dans de l’eau et du vin blanc mélangés à du hachis de saucisse épicé avec du chou aigrelet, apportant un jeu de texture et de mâche, qui seraient réveillés par un trait de vinaigre en fin de cuisson pour l’acidité, L’ensemble est visuellement peu attrayant et ferait un bon sujet pour une revisite dans Top Chef ;o)

Quant à la tarte au nillon et aux pommes caramélisées, j’ai été agréablement surprise par la légèreté de la mousse de nillon de noix que je pensais être un vrai « étouffe-chrétien » mais ce n’est pas un dessert qui me ferait me relever la nuit. Je n’apprécie pas forcément toutes les spécialités du terroir, même si je les trouve intéressantes, et préfère de loin une bonne tarte aux pommes traditionnelle.

La prochaine fois avec ma copine Madame, on s’attaquera à la fondue et aux meringues à la double crème de Gruyère, spécialité du Canton de Fribourg, qui n’est pas de la crème de fromage, mais une crème tellement riche (45 % de matières grasses), épaisse et onctueuse que ceux qui n’en ont pas goûtée ne connaissent pas encore tous les plaisirs de la vie ! Imaginez la texture crousti-moelleuse d’une belle meringue suisse associée à la Rolls de la crème qui affleure à la surface du lait entier de vaches après la traite et vous aurez une idée du côté sublime de ce dessert.

Papet vaudois et saucisse aux choux.
Tarte au nillon de noix et pommes caramélisées, the Merry Mango et Perceval le chat.

Vivre avec CHF 500 par mois

« Stéphanie, tu ne sais pas ce que c’est, tu ne peux pas comprendre ! »

Je ne suis pas fascinée par la pauvreté. Je ne cherche pas non plus à me rendre intéressante en « faisant ma pauvresse » comme m’a dit Dani. J’ouvre simplement les yeux et je prends conscience de la réalité de la vie en Suisse dont je ne me rendais pas compte. Tout simplement parce que j’ai grandi dans une famille aisée qui m’a envoyée dans une des meilleures écoles privées internationales de Lausanne, fait ma rebelle en allant à l’ECAL, Ecole Cantonale d’Art de Lausanne, une référence dans le monde des HES en art, puis rentrée dans le moule en travaillant pour une entreprise internationale mondialement connue, ou j’ai fait ma place, pour rassurer papa et maman.

Toute ma vie, on m’a fait comprendre que je faisais partie d’une élite, qu’il fallait étudier et travailler dur pour réussir. J’ai été première de classe à l’école et après l’ECAL, j’ai trouvé mon emploi sans effort trois jours après un entretien dans un cabinet d’avocats où l’on m’a demandé si je savais utiliser une photocopieuse (bah oui, même un ordinateur, c’est quoi cette question à la noix ?) et qui n’a rien donné « parce que je manquais d’expérience » (forcément, je sortais des études).

Forte de mon expérience, comment pouvais-je savoir qu’étudier et travailler dur et faire des hautes études ne menaient pas forcément à la réussite ? Que des amis qui ont fait un master et/ou un doctorat à l’Université sont dans la galère en ce moment, que certains copains de classe de l’ECAL vivent avec CHF 500 par mois alors qu’ils travaillent et qu’ils n’ont pas pris de vacances ni même de week-ends depuis de nombreuses années ?

Je ne parle pas de la pauvreté en Suisse, ni des personnes sans formation en situation précaire qui n’ont pas d’autres perspectives d’avenir que des « petits boulots » mal rémunérés. Je parle de chefs d’entreprise et d’indépendants qui sont obligés de vivre chichement parce qu’ils ne reçoivent aucune aide quand ils en ont besoin alors qu’ils doivent faire face à de nombreuses charges (AVS/AI/APG, TVA, taxes de la Chambre du Commerce, etc.) et qui se retrouvent endettés suite à une blessure ou à une maladie ou en situation de faillite personnelle et professionnelle accélérée par la pandémie.

Ces trois dernières années, je me suis retrouvée plusieurs fois à réconforter des amis au bout du rouleau, qui m’ont raconté leur détresse et leur honte d’en être arrivés là alors qu’il n’y a aucune honte à avoir, qui n’arrivaient plus à trouver de solutions et envisageaient le suicide tellement leur charge était lourde à porter. J’ai fait du mieux que j’ai pu, j’ai prêté de l’argent puisque AUCUNE administration n’était capable de le faire alors que je ne suis ni une banque ni une association caritative, j’ai épaulé un proche en recourant à ma fiduciaire pour obtenir un rendez-vous à l’office des impôts où je suis allée en tant que témoin pour arrêter une saisie et une vente forcée de ses biens.

Je ne suis pas fascinée par la pauvreté, non. Je suis révoltée par un système qui broie les gens au lieu de les aider dans une Suisse riche et prospère au niveau de vie le plus haut du monde ! Je pourrais bien sûr faire comme tout le monde dans mon milieu, vivre dans l’insouciance et faire comme si cela n’existait pas dans notre beau pays.

« Ma foi, il y a et il y aura toujours des pauvres, c’est comme ça ».

C’est pour répondre à cette remarque : « je ne peux pas comprendre parce que je ne sais pas ce que c’est que c’est » que j’ai voulu tenter l’expérience de vivre avec CHF 500 par mois du 25 octobre au 25 novembre 2021. Pour comprendre. Pour savoir si c’est possible. Pour analyser mes dépenses et avoir un œil critique. Pour dégager de l’argent si je me retrouve à nouveau face à un ami en détresse parce que je ne peux pas continuer à distribuer des dizaines de milliers de CHF par-ci par-là en puisant dans mes réserves même si je fais signer des reconnaissances de dettes (Je prête de l’argent mais je ne le donne pas parce que je refuserai que l’on me fasse la charité si je me retrouvais dans cette situation et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour rembourser au plus vite ce que l’on m’a prêté. Pour l’instant, personne ne m’a jamais rien rendu mais j’ai un document légal à faire valoir au juge dans le pire des cas… J’étudie également la situation au cas par cas, je ne suis pas Mère Teresa).

Si je me contentais uniquement des dépenses nécessaires, soit la nourriture pour moi et les chats et mes déplacements en voiture – hors assurance, permis de circulation, services et autres frais -, je pourrais m’en sortir avec CHF 500 par mois à condition que les chats et moi restions en parfaite santé.  

Dépenses nécessaires : CHF 541

  • Nourriture et boissons : 262, soit 65.50 pour 4 semaines. Je pourrais vivre avec moins si j’achetais chez les Hard Discounters comme Aldi et Lidl.
  • Essence et parking : 149. J’ignore si un abonnement demi-tarif de train serait plus avantageux. Tout ce que je sais, c’est que je ne pourrais pas aller au chalet avec Kumba et Mizar en transport public. Transporter 10 kg de chats sans les caisses et sans mes affaires pour prendre le taxi jusqu’à la gare de Montreux, changer de train à Martigny puis à Sembrancher pour grimper dans le car postal et marcher jusqu’au chalet relève d’un entraînement commando.
  • Nourriture de Kumba et Mizar : 130. Si je ne donnais que des croquettes aux chats, leur nourriture coûterait moins cher. Je n’ai pas non plus besoin de leur donner du Royal Canin. Kumba mange tout (Gourmet, Whiskas, Excelcat) mais Mizar est très difficile.

En ce qui concerne les dépenses accessoires qui sont plus importantes que mes dépenses nécessaires, autant je pourrais éviter d’aller chez la manucure et au salon de coiffure tous les mois, autant ce serait compliqué pour moi d’avoir une vie sociale. Je ne me vois pas accepter des invitations si je ne peux pas les rendre et je ne sais pas comment je me débrouillerai pour offrir des cadeaux aux anniversaires et pendant les fêtes. Le plus difficile à accepter pour un des amis que j’ai aidé, était d’en être arrivé au point de n’avoir même pas de quoi acheter un lapin de Pâques en chocolat à ses enfants. En tant que papa, il pouvait se priver de tout mais ça, c’était trop dur pour lui. Une fois de plus, je ne parle pas d’une personne à l’assurance sociale mais d’un chef d’entreprise qui emploie du personnel. Une fois les salaires payés, il ne lui restait plus rien pour vivre !

Dépenses accessoires : CHF 742

  • Abonnement à Cookidoo : 39, paiement annuel pour obtenir des recettes pour le Thermomix.
  • Manucure : 100.
  • Coiffure : 160.
  • Restaurant : 289 pour un plateau de fruits de mer à la Rouvenaz à Montreux, trois repas d’entreprise et une invitation à dîner à la Brasserie des Sauges à Lausanne. J’ai remarqué qu’il est difficile d’arriver au travail avec son propre repas lors d’une Assemblée Générale à moins de faire la sauvage et de me cacher pour manger.
  • Netflix : 22 mensuel. Il y a des abonnements Netflix moins chers que l’abonnement Premium. A creuser.  
  • Goûter avec ma voisine : 47. J’ai voulu préparer une tarte aux pommes et des finger sandwiches maison mais finalement, des gâteaux et des canapés chez un grand chef pâtissier auraient coûté le même prix. C’est bien de le savoir pour les prochaines fois.  
  • Fitness : 69 mensuel. Courir dans la neige et le froid, ce n’est pas encore mon truc mais c’est possible. Comme de se baigner dans le lac tous les jours de l’année, aglagla.  
  • Cadeau : 16. Je ne me rappelle plus ce que j’ai acheté comme cadeau chez Globus ni à qui je l’ai offert. C’est inquiétant.

On remarquera que je n’ai acheté aucun vêtement ni de billet pour un spectacle comme je voulais le faire tous les mois pour soutenir les artistes qui, eux aussi, ont énormément souffert de la pandémie.

Bilan :

  • Je ne critiquerai plus jamais les Hard Discounters ni les marques de Fast Fashion parce que certains ne peuvent pas faire autrement pour se nourrir et se vêtir.
  • C’est joli de prôner une consommation plus éthique et plus responsable mais il faut en avoir les moyens ! Je continue à acheter de la viande chez le boucher et les fruits et les légumes au marché mais je suis consciente désormais que c’est un privilège.
  • Je remercie mes contacts sur Instagram pour m’avoir donné leurs astuces pour acheter bon marché, notamment en matière de crèmes hydratantes que je me réjouis de tester !  
  • Je remercie également ma copine Madame qui m’a été d’un grand soutien tout au long de cette expérience avec son bon sens et son pragmatisme. On peut vivre bien en menant une vie simple, sans restaurants ni sorties coûteuses, et faire preuve d’imagination. J’ai découvert la joie de cuisiner des plats du terroir et de tricoter chez elle en buvant du thé qui est bien plus sympa que d’aller au restaurant ensemble même si l’un n’empêche pas l’autre.
  • Une pomme offerte avec bonté au marché de Lausanne fait extrêmement plaisir. C’est important de montrer de la gentillesse et de l’amabilité partout où l’on va, cela change vraiment le monde et cela rend meilleur.
  • J’aime de plus en plus passer du temps en cuisine et j’ai pris conscience que la nourriture est précieuse. Avant, quand j’avais faim, je sortais dîner au restaurant ou achetais un repas à l’emporter que j’avalais machinalement sans me poser de question. Mon comportement alimentaire a radicalement changé.
  • On peut faire énormément de préparations avec des poireaux, des pommes de terre, du riz et des flocons d’avoine et se régaler aussi ! :o)
  • Je veux que mon argent serve à faire vivre les indépendants et les petits commerces de proximité : coiffeur, manucure, couturière, maraîchers, bouchers, agriculteurs, épiciers, cordonnier, etc.
  • Je voterai pour toute loi venant en aide aux agriculteurs, aux entreprises et aux PME en Suisse. C’est eux qui font vivre la Suisse. Je crois aussi en l’avenir de la caisse maladie unique et du revenu de base inconditionnel.
  • J’ai une chance incroyable d’être aussi privilégiée mais je sais aussi que l’on peut tout perdre en un claquement de doigt.
  • Je suis contente d’avoir mené cette expérience jusqu’au bout même si je l’ai ratée. A présent, « je sais ce que c’est et je peux comprendre » même si je ne connais pas l’angoisse qui rend insomniaque ni la crainte d’ouvrir la boîte à lettres par peur de découvrir les factures et les rappels qui s’amoncellent. L’important est de s’en ouvrir et de parler à son entourage le plus tôt possible avant de sombrer dans la dépression et la spirale du surendettement. Il n’y a pas de honte à avoir. Les malheurs frappent tout le monde sans distinction.
  • Je suis d’une naïveté confondante et le resterai encore certainement mais j’essaie d’être un peu moins gourde.
  • L’argent fait le bonheur. Angus Deaton, Prix Nobel d’économie le dit. Ceux qui prétendent le contraire ne se sont jamais retrouvés dans une situation de détresse.
  • Je n’ai aucune complaisance pour les doux rêveurs qui développent des théories sur les « demandes à l’Univers », « Mère Nature » et autres blablas ésotériques à base de karma, de chakras et d’énergies. La vie est dure et la nature ne nous veut pas que du bien. J’ai toujours dit que la souffrance, la maladie et la mort étaient des concepts archi pourris !
Magalie m’a fait envie avec son lait chaud au sucre vanillé sur Instagram. J’ai fendu une gousse de vanille et l’ai mise à macérer dans du sucre pendant trois jours et le tour était joué !
Il me restait des noix de la Brisolée en famille au chalet. Je les ai ouvertes avec un marteau et les ai grignotées telles quelles avec une pomme, une poire ou dans du porridge.
Recette du porridge : faire cuire 120 g. de flocons d’avoine dans 4 dl de lait pendant 5 minutes à feu doux, aromatiser avec 2 cuillères à soupe de miel et ajouter des fruits frais, des noix, etc.
Plateau de fruits de mer Impérial du restaurant La Rouvenaz à Montreux. La serveuse était adorable et on a pris le temps de discuter. Je ne comprends pas comment certains clients peuvent se montrer désagréables au point d’humilier le personnel en salle et de les faire pleurer après le service. Le métier est déjà suffisamment difficile !
J’ai acheté une pièce de viande à bouillir et du jarret de boeuf à la boucherie Maillefer à Lausanne que j’ai laissé mijoter pendant 7h à feu doux avec des légumes d’hiver : chou, carotte, poireau, céleri, navet. J’ai également préparé une sauce gribiche à base d’oeufs durs, persil, câpres, cornichons avant d’apporter la cocotte chez ma copine Madame. Il restait suffisamment de viande pour les deux pour préparer un hachis parmentier dans la semaine avec une bonne purée de pomme de terre.

Un achat par semaine. La fin.

Mes followers sur Instagram savent que j’ai raté le challenge que je me suis fixé le 25 octobre dernier de vivre avec CHF 500.- en Suisse, soit le budget qui reste à une famille de quatre personnes (deux adultes et deux enfants) après avoir payé le loyer, les assurances maladie obligatoires en Suisse, l’eau, l’électricité, le téléphone, etc., dont j’ai entendu parler.

J’ai tout et même plus que ce qu’il me faut pour vivre : un travail avec un salaire de cadre très confortable, une résidence principale, une résidence secondaire, une voiture, des vêtements, des chaussures et des sacs de luxe, des meubles de designers et des assurances pour couvrir le tout en cas de vol, dégâts, etc. J’ai vraiment TOUT, sauf un égouttoir pour la salade et un effaceur d’encre Super Pirat M :o)

J’en suis arrivée à un stade où je n’éprouve plus aucun plaisir à acheter ni à tenir une liste de « mes achats par semaine ». Au contraire, cela m’ennuie. Je n’ai plus envie de « faire les magasins » ni de passer des commandes sur Internet à part pour la litière des chats et des bouteilles de Coca Zéro parce que c’est lourd à transporter.

Il y a un moment où la perspective de posséder un sac Kelly d’Hermès ne représente plus un objectif à atteindre ni même un rêve. Assez, c’est assez.

C’est fou ce les objets peuvent représenter en terme de charge mentale ! Je l’ai constaté samedi passé en me réveillant et en constatant que j’avais le week-end entier devant moi pour passer du bon temps et faire ce que je voulais : aucun carton d’affaires à trier, aucun souci pour trouver les timbres, les épingles, la paire de ciseaux, le bonnet, l’écharpe et les gants ni même pour savoir quelle quantité de beurre de cacahuète il restait dans le pot puisque tout était déjà propre, rangé et organisé.

J’ai cessé de me définir par rapport à mes possessions. J’ai appliqué à la lettre les conseils de Dominique Loreau et plié en petits carrés les T-shirts qui « procurent l’étincelle de la joie » selon la méthode de Marie Kondo et il est temps pour moi de passer à autre chose.

Je vous montre aujourd’hui quelques objets que j’ai achetés cette année et je clos ce chapitre. Cela ne signifie pas que je ne parlerai plus d’objets ni d’achats sur mon blog mais ce ne sera plus systématique. En fait, j’ai beaucoup mieux à faire dans ma vie que du shopping ! :o)

Stiletto Peony. Luis Onofre.
Samsung TV 75 » QE75Q900T, le jeu vidéo « Monster Hunter » pour la Playstation et un abonnement à Netflix.
Un plumeau en plumes d’autruche. Mizar adore !

Vivre dans un cocon no. 3

Règle du cocon no. 3. Développer des habitudes.

Il y a des mots qui ont des connotations négatives comme la routine. Or, quand je lis le livre du moine Shoukei Matsumoto, je constate qu’il a dédié son existence à vivre dans la routine : se lever tôt, laver son visage et s’habiller, commencer la journée par le nettoyage, balayer les sols et le jardin, polir le hall d’entrée, manger lentement et dans le silence, méditer et prier, avant de se coucher en ayant accompli les mêmes tâches tous les jours, 365 jours par année, toujours au même endroit, sans aucune perspective de siroter un cocktail sur une île paradisiaque ou de faire un road trip en Ferrari ou en Aston Martin.

C’est là où la notion de société de consommation saute à la figure comme un furoncle sur le visage de Miss Univers. Désolée pour l’image mais je n’ai pas trouvé mieux…

La routine n’est donc pas quelque chose à fuir. Accepter la répétition des gestes quotidiens peut renforcer la capacité de profiter de l’instant présent et baisser l’anxiété face à l’impermanence des choses, soit tout le contraire de ce que j’ai fait pendant ces deux dernières années où j’ai voulu sortir de ma zone de confort ! Elle donne également un sentiment de sécurité et de contrôle en nous ancrant dans la vie, en donnant de la consistance à des petits gestes anodins et en nous offrant une stabilité émotionnelle sans pour autant tomber dans la maniaquerie. Je pense qu’il y a un équilibre à trouver.

Je suis toujours en télétravail et me déplace à Lausanne quand j’ai des réunions en présentiel, soit une fois par semaine environ, et j’ai commencé à développer quelques rituels dans mon appartement que j’apprends à aimer de plus en plus, même si je lutte contre cette impression désagréable que je ne vais pas y rester pour toujours. J’ai cependant un grand désir de me poser maintenant et de me sentir vraiment CHEZ MOI.

Il ne suffit pas de signer un contrat de vente et droit d’emption chez un notaire pour se sentir propriétaire, il faut aussi se familiariser avec le lieu. J’ai débarqué sur la Riviera vaudoise par hasard. Je n’ai pas de parents qui y habitent, je n’ai aucun souvenir particulier associé à Montreux hormis que j’aimais aller au Festival de Jazz et au marché de Noël une fois par année, je n’ai aucune idée des noms des petits villages alentour, je suis totalement étrangère à la région et j’ai un tout nouveau chapitre de mon histoire personnelle à écrire !

Il n’y a que la petite Mizar qui est de Montreux. Elle est née à une centaine de mètres de la résidence et peut revoir sa maman quand elle veut :o)

Voici donc quelques-unes de mes « joies quotidiennes » © Mélodie du Bonheur :

Les chats attendent patiemment que je me réveille pour que je leur donne leur pâtée. Je leur laisse des croquettes en libre-service mais ils tiennent à leur sachet de mousse le matin et de gelée le soir Royal Canin pour chatons.

Je bois un grand verre d’eau et un mug de chocolat noir Caotina ou du thé anglais Fortnum & Mason avec du miel et un nuage de lait © Jolitorax dans Astérix et les Bretons. Je mets le lait avant de verser l’eau chaude, ce qui est complètement idiot puisque mes mugs sont en verre et que cette façon de faire archaïque servait à préserver la porcelaine de mauvaise qualité en Angleterre qui craquait sous l’effet de la chaleur contrairement à celle des classes supérieures qui pouvaient se permettre de verser le lait après. Je prépare donc mon thé comme une prolétaire.

Je travaille ensuite jusqu’à 13h environ entre deux passages de Kumba ou de Mizar qui se couchent sur le clavier (ils savent des raccourcis que je ne connais pas comme mettre le laptop sur mode avion, afficher la fenêtre des post-it virtuels, mettre la langue de travail en finlandais, etc.), heure où je m’occupe de mon ménage : je fais mon lit qui a eu le temps de s’aérer et m’attaque à une zone (l’entrée le lundi, la cuisine le mardi, la salle de bain le mercredi, les chambres le jeudi et le séjour le vendredi) pendant que Cendrillon et Blanche-Neige, mes robots ménagers, s’occupent quotidiennement des sols, braves petites, un jour leur Prince viendra, la la la.

Kumba me réclame une friandise (un stick liquide Vitakraft) après sa sieste et je profite de cette pause pour lui apprendre des petits tours, aussi à Mizar, comme s’asseoir ou se mettre debout sur les pattes arrières (je vous dirais quand j’arriverais à les faire sauter à travers des cerceaux de feu :oP). Je leur presse aussi les coussinets de temps en temps pour faire sortir les griffes et ouvre leurs mâchoires doucement pour qu’ils s’habituent à être manipulés par la vétérinaire.  

Je profite parfois de ma pause de midi pour m’appliquer un masque ou me faire un soin ou me préparer à manger mais cela varie parce que j’attends d’avoir faim. Ce qui explique pourquoi je peux prendre mon déjeuner à 17h si j’ai fait un gros repas la veille.

A 14h, je retourne à mes e-mails jusqu’à 18h où je me prépare pour aller au fitness situé à côté du Forum, le centre commercial de Montreux, ce qui est très pratique si j’ai oublié d’acheter quelque chose le week-end, Migros et Coop fermant leurs portes à 20h en semaine. Ou alors je remplace ma session de fitness par des exercices d’étirement et de renforcement musculaire à la maison.

 A 19h30-20h, je suis de retour à la maison et regarde Objectif Top Chef en replay avant de nourrir les chats, puis c’est quartier libre jusqu’à 1h du matin. Je suis une couche-tard et une lève-tard, c’est pour ça que je ne serai jamais « healthy, wealthy and wise » (en bonne santé, riche et sage) comme disent les Anglais.

Je n’ai pas vraiment de rituels ni d’horaires le samedi et le dimanche où je fais ce qui me passe par la tête comme en vacances, à part les courses pour la semaine. J’aimerais toutefois prendre plus de temps pour visiter la région, découvrir les sentiers dans la forêt mais aussi buller dans mon coin à regarder le paysage et savourer le temps qui passe. Tout simplement.