Post-minimalisme

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Minimalist Architecture by (c) Christopher Domakis

Le fait d’avoir sciemment raté mon Carême 2015 a été non seulement libérateur mais également révélateur pour moi. Le fait de débuter l’année dans la sublime Nirvana Villa à Koh Samui en Thaïlande aussi. D’ailleurs, il faut que je vous en parle très vite.

Cela a commencé par plein de prises de conscience : la beauté des chambres de la Villa richement décorées, pleines de vie et de couleurs ; les délicieux cocktails que May nous préparaient et que je sirotais en pensant à Madame Béa qui aurait exigé qu’elle retire sur le champ la paille en plastique et l’ombrelle en papier ; l’éloignement géographique et médiatique des attentats de Charlie Hebdo qui n’avaient pas plus de répercussion en Thaïlande que leur crise politique chez nous.

Le concept de Zero Waste Home est super mais il faut mettre les choses en perspective quand on sait que : « L’envoi d’un simple e-mail assorti d’une petite pièce jointe consomme autant d’énergie qu’une ampoule économique de forte puissance allumée pendant une heure, soit environ 24 watts/heure. Or, des e-mails, il s’en échange 50 milliards chaque heure à travers le monde. Ce qui signifie que, chaque heure, le simple trafic de courrier électronique, qui semble pourtant être le mode de communication le plus écologique qui soit, consomme l’équivalent de la production de 15 centrales nucléaires, ou de 400 allers-retours Paris-New York en avion ! Quant à Google, son utilisation équivaut en permanence à la consommation d’une ville de la taille de Bordeaux » (texte tiré d’un article consacré à une émission de France 5 sur la réalité d’Internet). Et je ne parle pas de l’envoi des textos ni de la maintenance des blogs comme le mien qui réclame une quantité astronomique de serveurs qui tournent 24h/24 et 7j/7 pour que Madame Béa, vous et moi puissions y avoir accès afin de parler de minimalisme, de simplicité et d’environnement…

J’ai repensé au mouvement minimaliste, qui pour certains consiste à vivre avec 2 slips et 1 paire de chaussettes ou à compter les objets en se promettant de ne pas dépasser le chiffre fatidique de 33, de 99 ou de 100. Je caricature mais je compte aussi mes affaires ;o) et je suis toujours grosso modo les préceptes de Dominique Loreau.

Minimalism is not defined by what is not there but the rightness of what is and the richness with which it is experienced – John Pawson

Bien entendu, ne pas surconsommer et se débarrasser du superflu est une bonne chose mais je pense qu’il est fondamental d’apprécier la vie telle qu’elle est sans se prendre la tête ni s’encombrer de cette fichue culpabilité judéo-chrétienne qui imprègne notre culture occidentale qu’on le veuille ou non. On va tous mourir au bout du compte, alors pourquoi se figer dans un mode de fonctionnement impossible à tenir (que se passera-t-il le jour où Madame Béa achètera un beau tube de rouge à lèvres, ce que je lui souhaite, ou un sachet de chips ?), pourquoi suivre aveuglément des tendances de pays riches – le minimalisme en est une et s’est même transformé en business – qui ne savent bientôt plus quoi inventer pour compliquer le quotidien ? Quelle est la finalité d’avoir une garde-robe parfaite, une maison parfaite, une alimentation parfaite, une peau parfaite, une silhouette parfaite ? Quelles peurs se cachent derrière ce besoin de tout contrôler ?

J’ai toujours été minimaliste. Quand je suis partie de chez mes parents, j’ai vécu 6 mois avec un matelas par terre et une ampoule au plafond avant que maman, effrayée, décide avec papa de m’envoyer de l’argent pour me meubler alors que je n’en avais pas besoin. Je me suis aussi incrustée dans la vie de Lui (au sens propre, car j’avais résilié mon appartement et qu’il n’a pas vraiment eu le choix ;o)) en débarquant chez lui avec Kimchi le chat et deux valises sous les bras en tout et pour tout.

Cependant, contrairement à celles et à ceux qui réfléchissent au contenu de leur armoire à grand renfort de schémas et de fichiers Excel, je préfère une approche plus spontanée où la notion de plaisir est présente. Le minimalisme n’est en effet pour moi qu’un moyen de faire de l’ordre dans ma vie et non un credo.

Il faut savoir, parfois, dépasser ses propres limites pour retrouver une certaine légèreté, poser un regard bienveillant sur le monde, faire de la place à ce qui est important pour soi, quitte à déplaire, commettre des erreurs et s’autoriser quelques folies. Résolument.

Sinon, ça ne reste que du vide.

17 réflexions sur « Post-minimalisme »

    1. Certains se sentent à l’aise avec rien. Si la réflexion ne porte que sur la recherche du vide au détriment de ce dont on a réellement besoin et qui n’est pas la même chose pour tout le monde, cela me paraît plutôt vain car on n’est pas dans un concours à celui qui aura le moins. Parfois, c’est ce que je ressens en lisant des articles sur le minimalisme. Il y a aussi trop de culpabilité à mon goût, personne n’a la science infuse ! Le minimalisme devrait nous aider et pas être une corvée ou une obligation à mon avis.

  1. Comme je te comprends… Je suis un peu dans la même logique que toi et plus le temps passe et plus je considère que le minimalisme, c’est l’art de vivre avec simplicité et pas l’art de vivre avec 12 possessions… Et je n’ai toujours pas lu Marie Kondo mais l’idée de prendre du plaisir à posséder un objet est aussi quelque chose qui me parle, comme à toi je pense! On ne peut pas vivre sans la beauté…

    1. Non, on ne peut pas vivre sans la beauté. Même si a priori, elle ne sert à rien ! 😉 J’aimerais bien parfois être de ces personnes qui ont des objets en fonction de leur utilité et de leur fonctionnalité plutôt que de leur aspect esthétique, mais ce n’est pas moi, je crois. Bisous.

  2. J’aime ton article! Oui à un minimalisme réfléchi et basé sur un mode de vie riche en plaisirs et expériences. C’est trés intéressant cette citation que tu donnes sur l’energie consommé par internet, je n’en avais aucune idée! Bisous

    1. En Suisse, on se targue d’être les meilleurs au monde en ce qui concerne le recyclage des déchets mais on est aussi le pays le plus pollueur au niveau des déchets « invisibles » comme ceux produits pour la technologie. On a trop tendance à oublier ce côté-là. Bisous.

  3. Bonjour Koyangi,
    Cela fait un bon petit bout de temps que je suis tes articles car j’ai les mêmes lectures que toi! Mais je n’ai pas du tout l’habitude de réagir sur les réseaux sociaux ou d’écrire des commentaires. Cela fait longtemps cependant que je voulais t’écrire suite à la lecture de cet article, avec un peu beaucoup de décalage par rapport au moment de son écriture certes.

    Bref, je voulais juste dire que de mon côté aussi j’ai lu avec grand intérêt les livres de Dominique Loreau, Madame Béa comme tu dis, Colin Beavan ou encore Marie Kondo car j’adore réfléchir à un nouveau mode de vie moins accès sur le matériel. Mais effectivement, je pense qu’il faut prendre une certaine distance et finalement prendre les idées qui nous intéresse le plus et faire un mix pour se créer son mode de vie idéal, son équilibre. C’est ce que j’apprécie au fil de la lecture de ton blog, c’est de lire l’évolution de tes réflexions, ton enthousiasme lors de tes nouvelles lectures puis la mise en œuvre que tu en fait, et ta persévérance dans les décisions de vie que tu prends. Bref, j’espère que tu vas continuer à écrire, même si je comprends bien que ta vie professionnelle est très chargée!!

    Je me permets de te conseiller le film « La Belle Verte » de Coline Serreau qui a été avant-gardiste dans les années 90 sur sa réflexion sur le matérialisme et qui renferme quelques belles idées à piquer.

    Bon vent!!

    1. Bonjour Isabelle, je te remercie beaucoup pour tes encouragements ainsi que le conseil pour le film « La belle verte ». Je souhaite également voir le film « Demain ». Quant à mon blog, même si je n’ai pas beaucoup écrit cette année, je crois bien que c’est la seule plateforme virtuelle que je garderais si je devais choisir entre mon blog, Facebook, Twitter, Instagram, etc. C’est vraiment un outil pour moi qui me permet de m’interroger sur mes choix et vérifier si certaines découvertes ou pistes à explorer sont les bonnes, etc. Je te souhaite une belle journée !

  4. Salut, super ton article, j’adhère totalement à ton point de vue.
    Le minimalisme n’est pas une religion. On doit l’adapter à notre vie et non pas en faire une ligne détectrice à ne surtout pas franchir. Pour ma pars, j’ai toujours été minimaliste, je n’aime pas faire de shopping, je voyage beaucoup donc je dois faire tenir ma vie dans un sac. Le minimalisme doit s’adapter à notre mode de vie et pas l’inverse . C’est drôle que tu parles de Thaïlande, je pars bientôt là ba. Je penserai aussi à Béa devant mon cocktail avec paille.

    Au plaisir de te lire.

    1. Bonjour Lucile, les voyages sont parfaits pour le minimalisme. J’apprécie ces espaces dans le temps qui me permettent de vivre avec un minimum et souvent, je me dis, que je passerai bien ma vie au soleil avec deux T-shirts et une paire de tongs à remplacer sitôt usés. Mais la réalité est parfois tout autre, ne serait-ce que le climat en Suisse qui ne le permet pas (j’adore l’alternance des saisons, ceci dit). J’espère que tu as passé un très bon séjour en Thaïlande. Bonne journée !

  5. Bonjour,

    je souhaite réagir face à cette idée de minimalisme, on peut réellement en avoir marre de cette course à celui qui possède le moins d’objets et qui habite dans le plus petit appartement. Cependant la plupart des gens sont minimalistes sans le savoir car l’absence d’argents les contraints à vivre en consommant le minimum. Tous ceux qui ont un jour connu une galère d’argent comprennent de quoi je parle… le minimalisme peut être aussi considéré comme un problème de riche car qui a réellement besoin de ce désencombrer quelqu’un qui possède…effectivement je pense que le minimalisme est un mode vie qui nous ramène à l’instant présent et à voir la qualité plutôt que la quantité .Le minimalisme devrait aider à optimiser sa vie à gagner du temps mais là encore pourquoi veut-on gagner du temps …. peut-être que nos vies sont de plus en plus encombrées ou peut-être nous sentons nous envahi. Pour ma part, je vois le minimalisme comme quelque chose qui me permet là maintenant de gagner de l’espace , du temps (nettoyage) et il est parfaitement vrai qu’on possède énormément de chose inutiles ( les au cas où , les peut-être un jour) mais on ne doit absolument pas brader son confort de vie juste parce c’est à la mode.

    Sinon très bon article et bonne continuation.

    1. Bonjour Enudde, je te remercie pour ton commentaire. De mon côté, je n’oserais pas qualifier les personnes qui n’ont pas les moyens de minimalistes car ils n’ont pas le choix de faire autrement. C’est bien ce qui me gêne avec la notion de minimalisme qui est un problème de riche comme tu le dis si bien, pour moi, être minimaliste ce n’est pas vivre dans un intérieur blanc et épuré avec un petit bol de riz en contemplant la pluie tomber. Je plaisante mais parfois j’ai l’impression que certains n’en sont pas très loin. Quant à gagner du temps, là aussi, je pense que c’est un choix de vie. Même si je suis très occupée par moments au travail, ce n’est heureusement pas toute l’année. Il est vrai que je n’ai pas d’enfants, donc ça aide pour ne pas être débordée :o) Toutefois et pour être tout à fait honnête, je pense que le fait de n’avoir pas le temps est souvent une excuse plus qu’une réalité surtout quand la procrastination s’en mêle.

      Et je suis tout à fait d’accord avec toi pour dire qu’il ne faut pas brader son confort ni ses vêtements bariolés si on aime ça parce que « quelqu’un » a dit un jour qu’il fallait s’habiller comme Steve Jobs qui portait un seul modèle de pull noir à col roulé et une paire de jeans. Ca simplifie la vie, certes, mais ce n’est pas très drôle. Puis, je pense que l’être humain est infiniment plus complexe que cela et qu’il est difficile de le mettre dans une case. Cela peut rassurer certaines personnes de se fixer des limites mais je trouve que tout extrémisme est triste et improductif.

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