
Le fait d’avoir sciemment raté mon Carême 2015 a été non seulement libérateur mais également révélateur pour moi. Le fait de débuter l’année dans la sublime Nirvana Villa à Koh Samui en Thaïlande aussi. D’ailleurs, il faut que je vous en parle très vite.
Cela a commencé par plein de prises de conscience : la beauté des chambres de la Villa richement décorées, pleines de vie et de couleurs ; les délicieux cocktails que May nous préparaient et que je sirotais en pensant à Madame Béa qui aurait exigé qu’elle retire sur le champ la paille en plastique et l’ombrelle en papier ; l’éloignement géographique et médiatique des attentats de Charlie Hebdo qui n’avaient pas plus de répercussion en Thaïlande que leur crise politique chez nous.
Le concept de Zero Waste Home est super mais il faut mettre les choses en perspective quand on sait que : « L’envoi d’un simple e-mail assorti d’une petite pièce jointe consomme autant d’énergie qu’une ampoule économique de forte puissance allumée pendant une heure, soit environ 24 watts/heure. Or, des e-mails, il s’en échange 50 milliards chaque heure à travers le monde. Ce qui signifie que, chaque heure, le simple trafic de courrier électronique, qui semble pourtant être le mode de communication le plus écologique qui soit, consomme l’équivalent de la production de 15 centrales nucléaires, ou de 400 allers-retours Paris-New York en avion ! Quant à Google, son utilisation équivaut en permanence à la consommation d’une ville de la taille de Bordeaux » (texte tiré d’un article consacré à une émission de France 5 sur la réalité d’Internet). Et je ne parle pas de l’envoi des textos ni de la maintenance des blogs comme le mien qui réclame une quantité astronomique de serveurs qui tournent 24h/24 et 7j/7 pour que Madame Béa, vous et moi puissions y avoir accès afin de parler de minimalisme, de simplicité et d’environnement…
J’ai repensé au mouvement minimaliste, qui pour certains consiste à vivre avec 2 slips et 1 paire de chaussettes ou à compter les objets en se promettant de ne pas dépasser le chiffre fatidique de 33, de 99 ou de 100. Je caricature mais je compte aussi mes affaires ;o) et je suis toujours grosso modo les préceptes de Dominique Loreau.
Minimalism is not defined by what is not there but the rightness of what is and the richness with which it is experienced – John Pawson
Bien entendu, ne pas surconsommer et se débarrasser du superflu est une bonne chose mais je pense qu’il est fondamental d’apprécier la vie telle qu’elle est sans se prendre la tête ni s’encombrer de cette fichue culpabilité judéo-chrétienne qui imprègne notre culture occidentale qu’on le veuille ou non. On va tous mourir au bout du compte, alors pourquoi se figer dans un mode de fonctionnement impossible à tenir (que se passera-t-il le jour où Madame Béa achètera un beau tube de rouge à lèvres, ce que je lui souhaite, ou un sachet de chips ?), pourquoi suivre aveuglément des tendances de pays riches – le minimalisme en est une et s’est même transformé en business – qui ne savent bientôt plus quoi inventer pour compliquer le quotidien ? Quelle est la finalité d’avoir une garde-robe parfaite, une maison parfaite, une alimentation parfaite, une peau parfaite, une silhouette parfaite ? Quelles peurs se cachent derrière ce besoin de tout contrôler ?
J’ai toujours été minimaliste. Quand je suis partie de chez mes parents, j’ai vécu 6 mois avec un matelas par terre et une ampoule au plafond avant que maman, effrayée, décide avec papa de m’envoyer de l’argent pour me meubler alors que je n’en avais pas besoin. Je me suis aussi incrustée dans la vie de Lui (au sens propre, car j’avais résilié mon appartement et qu’il n’a pas vraiment eu le choix ;o)) en débarquant chez lui avec Kimchi le chat et deux valises sous les bras en tout et pour tout.
Cependant, contrairement à celles et à ceux qui réfléchissent au contenu de leur armoire à grand renfort de schémas et de fichiers Excel, je préfère une approche plus spontanée où la notion de plaisir est présente. Le minimalisme n’est en effet pour moi qu’un moyen de faire de l’ordre dans ma vie et non un credo.
Il faut savoir, parfois, dépasser ses propres limites pour retrouver une certaine légèreté, poser un regard bienveillant sur le monde, faire de la place à ce qui est important pour soi, quitte à déplaire, commettre des erreurs et s’autoriser quelques folies. Résolument.
Sinon, ça ne reste que du vide.
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